
Ça s’en va et ça revient (bilan de Doctor Who, saison 9)
Le Docteur, dans son incarnation Capaldiesque, est depuis le premier épisode à la recherche de Gallifrey. Pendant ce temps, Clara est de plus en plus intrépide, alors qu’une nouvelle joueuse s’inscrit dans les épisodes, sous le nom d’Ashildr/Me.
Certes, on ne pouvait pas faire pire que la saison précédente, dissolue et décousue, sauvée par une méchante géniale, Missy. Mais pour autant, qu’est-ce que le propos est décousu ! On a l’impression que Moffat a complètement laissé tomber toute idée de continuité. Il se perd dans de multiples récits et nous fait perdre de vue le but du Docteur : trouver Gallifrey.
Certains épisodes sont ennuyeux, ne servent à rien, Ashildr/Me (Maisie Williams) ne présente presque aucune évolution au cours de ses rencontres… Et pourtant, que d’épisodes forts nous propose ce Docteur, interprété toujours brillamment par Peter Capaldi. Volontairement différent de ses prédécesseurs, et cela dès le premier épisode, on le décrit comme complexe et il est mis en avant dans sa relation d’amour-haine avec Missy… avant la disparition définitive de celle-ci pour la saison ! Alors qu’Ashildr entre en scène, bien plus creuse que Jack. Sa création est d’ailleurs bien moins cause de soucis (philosophiques au moins) pour le Docteur.
Car, et c’est sans doute le principal défaut, on a l’impression qu’il s’agit d’un grand recyclage d’idées déjà vues dans les saisons précédentes. Et on entre dans la partie SPOILERS de ce papier.
Car nous avons Ashildr, devenue immortelle suite à sa rencontre avec le Docteur. Ersatz étrange de Jack Harkness, très différente dans la personnalité et qui se décrit comme un garde-fou du Docteur. Une bonne idée, dommage qu’elle soit si peu exploitée. Ensuite, le final, qui copie déjà tellement de fins. Dans sa volonté de sauver Clara, le Docteur brave l’espace-temps (bon, on est tellement loin de la cohérence de la saison 1, celle qui dit que jouer avec le passé est dangereux !). Se faisant, Clara (Jenna Coleman) se retrouve à échapper à sa mort, tout en sachant qu’il s’agit d’un point fixe. Esprit de Matt Smith, es-tu là ? Toujours au lac Silencio, en Utah ? Ensuite, cette idée d’effacer l’esprit de sa compagne pour la sauver… Oui, mais bon, Donna (Catherine Tate) avait une vraie finalité. Celle d’une culpabilité, et aussi d’un sacrifice pour sauver l’humanité ! Pour finir, en tout cas pour la partie « épisode final de la saison », quelle originalité de se diriger vers la fin de l’univers ! Et sérieux, ça aurait au moins été marrant de croiser Martha et le Yana. Mais non ! La logique, tout ça.
Pour continuer, nous avons enfin la rencontre, le retour de Gallifrey. Sans AUCUNE explication, à part : Blop, ils sont là, c’est pratique ! Une rencontre qui ne rime pas à grand-chose, alors que le Docteur a quand même passé des siècles à culpabiliser, les a cherchés pendant quelques décennies. Mais non, rien, il les retrouve et ne pense qu’à se barrer. Doc, je sais que toi et moi, on ne pense pas pareil, mais tu aurais pu avoir un semblant d’émotion à retrouver tes semblables ! Non, parce que sinon, on s’en fout, en vrai des Time Lords. (Le seul plus de cet épisode, c’est de donner une espèce de badass noire, T’Nia Miller dans le rôle du Général qui, on espère, fera des dégâts dans les épisodes à venir).
Oui, mais, je crois que je peux te donner d’autres chances Doc. Déjà, parce que bye bye Clara, même si elle est restée longtemps, je n’ai jamais vraiment accroché. Ensuite parce que ta nouvelle incarnation, je la trouve super intéressante, en décalage par rapport aux précédentes, et que quand tu veux bien retourner dans un certain méta-récit, tu es quand même pas mal, comme avec les Zygons. Tu es colérique, plus âgé, moins doux et d’une folie différente. Et quand même, parce que l’épisode dans la forteresse, Heaven Sent, était vraiment très fort.
Plus sincèrement, je crois n’avoir jamais vu un épisode depuis le retour de la série, où le Docteur est seul pendant les 9/10e du temps. Là, on voit la colère, la culpabilité, la force de Capaldi. Celle de se retrouver à jouer, à se parler, seul dans un monde noir et triste, prisonnier mais jamais abattu.
Le problème que j’ai, à travers cette saison, est l’absence souvent de continuité d’un Docteur à l’autre. Dans la forteresse, on ne voit que Clara. Certes, un petit mot pour Donna, – c’est sympa – est posé à la fin de ce final. Alors que la passation d’un Docteur à l’autre avait toujours été faite avec beaucoup plus de douceur. Nine (Christopher Eccleston), comme Ten (David Tennant), sont liés par Rose. Eleven (Matt Smith) et Ten, par River Song (Alex Kingston). Rien ne fait le lien entre Eleven et Twelve, sauf Gallifrey (et qui donc, ne sert à rien) et Missy (qui disparaît). Clara pêche de n’avoir su se lier à Eleven, ce dernier mourant en se rappelant d’Amy. Le Docteur est-il Ashildr ? Plus il vieillit, moins il se souvient ? Ou se retrouve-t-il prisonnier d’une certaine lassitude, après neuf saisons ? La réponse sera peut-être donnée lors de l’épisode de Noël, qui verra a priori le retour de River Song. Un nouveau compagnon, peut-être donnera la poussée, et l’âme, qui manque pour le moment.
Avec un peu de recul, j’ai trouvé cette saison très bonne malgré tous les problèmes que tu cites (et avec lesquels je suis entièrement d’accord). Le gros point positif que j’en retiens est Peter Capaldi qui est vraiment excellent dans son interprétation du Docteur version sombre, colérique, plus las également.
Et vraiment dommage pour Gallifrey qui méritait un traitement plus important, plus fouillé.
Je n’ai pas compris l’intro de l’article : « Le Docteur, incarné pour une fois intégralement pour cette saison par Peter Capaldi ». Ce n’est pas le cas de la saison 8 ?
Je suis plutôt d’accord avec l’analyse sur Ashildr/Me qui est un personnage qui ne fonctionne pas très bien. On voit ce que Moffat voulait en faire, mais ça marche moyennement. J’ai eu notamment du mal avec le jeu de Maisie Williams, j’ai eu plusieurs fois l’impression de voir une petite fille porter les habits de sa maman. Dur de lui trouver de la crédibilité dans son rôle de Maire ou de sage…
Par contre, je suis en désaccord sur l’absence de lien entre Eleven et Twelve. C’est justement Clara qui le fait. C’est dit explicitement dans le 8×01. C’est vrai qu’il y a eu des ratés dans les épisodes de fin de saison 7 et que le perso de Clara n’était pas suffisamment bien construit, malgré une alchimie évidente de l’actrice avec Matt Smith.
Tout le thème de la doctorisation de Clara, entamé la saison précédente, m’a bien plu. C’est pour ça que j’ai été moins gêné que toi par la fin de la saison (qui pioche allègrement dans les précédentes, on est d’accord), parce que ce mimétisme qui se conclue par la situation inverse de l’effacement de mémoire de Donna, tenait bien la route à mon sens.
Pour finir, je ne peux que saluer, comme toi, le jeu de Capaldi qui fait un Docteur très appréciable et distinct des précédents, et l’envie d’une nouvelle dynamique avec un changement de compagnon / compagne 🙂
Ha non, c’était une grossière erreur, qui montre à quel point j’ai été touché par la saison 8. Mea Culpa et modification effectuée.
Après, je n’ai jamais accrochée avec Clara, et je trouve justement qu’elle n’a jamais été construite en lien avec Matt Smith. La présence, sans doute trop forte, d’Amy. Clara aurait mérité un traitement plus poussé, parce que son côté complètement irresponsable, addict au danger, sans esprit de préservation, était intéressant mais pas assez exploité, sauf dans l’épisode du Corbeau.
Comme toi et Beth Green, j’attend beaucoup de la suite, ayant un vrai coup de cœur pour Capaldi, qui est une de les incarnations préférée pour l’instant (mais bon, j’aimais avant tout Nine, et je trouve qu’ils se ressemblent alors)…
Ayant adoré cette saison et particulièrement le final, je me sens obligé de le défendre.
Pour Donna et sa perte de mémoire, ce n’est pas du recyclage, mais surtout une subversion.
Donna préférait mourir plutôt que d’oublier ces moments avec le Docteur, mais celui ci a décidé à sa place et lui a fait perdre tous ses souvenirs chers. Personnellement, j’ai trouvé cette fin assez horrible, et très irrespectueuse du personnage que j’adorais.
La, à l’inverse, en apprenant ce que le Docteur veut lui faire, Clara reprend le pouvoir et pose clairement ces termes : “These have been the best years of my life, and they are mine. Tomorrow is promised to no one, Doctor, but I insist upon my past. I am entitled to that. It’s mine.” Avec cette fin, elle prouve qu’elle est l’égal du Dcoteur, et presque littéralement, puisqu’elle s’envole avec Me dans son propre TARDIS. C’était une superbe fin selon moi, très cohérente avec son développement de ces deux dernières saisons (que j’ai trouvé, justement, très poussé), et peut-être la plus féministe et libératrice pour une compagne.
Pour moi, ce fut une excellente saison, la meilleure peut-être, et dont j’ai adoré les thèmes (la relation codépendante et destructrice du Docteur et de Clara, la doctorisation de cette dernière, la mort, et puis surtout cette tendance pour le Docteur à briser les règles qui a climaxé dans ce final). Loin sont les temps de la piètre saison 7, et j’en suis ravi.
Article au propos décousu et recyclant beaucoup d’idées vues ailleurs.
ca veut dire qu’on est beaucoup a voir vu la même chose alors.
Parfois on a l’impression de ne pas regarder les mêmes choses que les critiques. Tel est le cas ici ;p
Loiˆd’être un grand fan de Doctor Who, en particulier de l’ère Moffat, j’ai vraiment beaucoup aimé le traitement de cette saison 9. Elle m’a paru cohérente, posée et enfin recentrée sur les personnages. Hormis le piteux épisode 9, toute la saison à été un réel plaisir à suivre.
Non, mais je ne dis pas que tout est à jeter. J’ai beaucoup apprécié certains épisodes, le premier, le double zygons ainsi que la forteresse. Je trouve qu’il y a beaucoup de gâchis. C’est tout. Et le finale m’a tellement déçue, qu’il gâche toute la saison.
Je viens défendre aussi cette saison 9 !
Eh ben moi j’ai plus que kiffé cette nouvelle saison ! Déjà très surprise par Capaldi et toute la saison 8, Moffat m’avait encore tiré quelques grimaces au niveau de la continuité de son écriture, mais avec cette saison 9 j’ai vraiment retrouvé les sensations grisantes de l’époque RTD/Tennant qui m’ont tant manqué ces dernières années. Et diantre, que ça fait du bien !
Alors, oui, j’ai fini par faire le deuil de l’écriture irréprochable de Davies, ça aide.
Je trouve Capaldi absolument incroyable, le rôle lui va comme un gant. Et quel acteur ! Ses speech enflammés sont de purs moments d’émotions. L’alchimie avec Clara fonctionne à merveille et l’actrice s’en sort bien maintenant que son rôle à enfin été débarrassé de ses enjeux mystérieux qui ne tenaient pas debout (the impossible girl) et que son personnage fut mieux défini en saison 8. Je regrette toujours la disparition de Danny Pink qui, tant du côté du personnage que de l’acteur qui l’incarnait, apportait un plus au binôme Docteur/compagnon. Je regrette également que Moffat ne sache décidément pas tuer ses personnages car la disparition de Clara était parfaite dans Face the raven. Mais il est peut être « interdit » de tuer vraiment un compagnon ? (finalement, depuis 2005, a-t-on vu vraiment un compagnon mourir ?)
Deux autres petites déceptions : le season finale qui m’a parut être à côté de la plaque niveaux enjeux (surtout après le spécial 50 ans) et la révélation du pourquoi du visage du Docteur introduit dès le 8×01 et dont il paraissait que RTD avait soufflé l’idée à Moffat. Tout ça pour ça ???
Mais j’ai adoré tout le reste : le Docteur à la gratte électrique ? C’est le « + » impertinent qui manquait et qui rend 12 définitivement badass ! Dans cette saison j’ai retrouvé un Docteur aussi charismatique que celui de Tennant (je ne me suis jamais faite à Matt Smith…). La construction en doubles épisodes ? elle manquait ces derniers temps et l’idée était pas mal de l’institutionnaliser.
Le premier double épisode Davros/Daleks/Missy à des airs de season finale dès le départ (et du coup, le vrai season finale souffre la comparaison…) et le reste de la saison s’enchaîne à merveille. Certes il y a des épisodes plus forts que d’autres mais ce fut toujours le cas, même avec RTD.
Le Christmas était vraiment jouissif et la relation 12/River était vraiment parfaite ! Quel dommage que ce soit forcément l’au revoir à River… Sauf si le Docteur arrive à la sortir de la bibliothèque… mais la nuit de 24 ans laisse plutôt présager de vrais adieux entre les personnages (et ça m’a dû coup donné envie de revoir leurs « rencontre » en saison 4).
Autre aspect que j’ai aimé cette saison, Moffat réhabilite enfin des détails datant d’avant son ère. Ses run « semblaient » avoir fait table rase de la mythologie apportée par RTD. Dans cette saison sont mentionnés Rose, Martha, Donna, Jack Harkness, Ten et la saison 3… et toute la série s’inscrit un peu plus dans la continuité mythologique du show.
Jusqu’à cette résolution entre Clara et le Docteur qui fait échos à celle avec Donna (d’autres l’ont souligné).
Autre chose que j’ai remarqué : Moffat se sert du show pour nous parler ! Est-il agacé des critiques depuis sa reprise du show ? On a l’impression qu’il répond aux reproches très justement fais depuis la saison 5 concernant son manque de rigueur et de respect des règles de l’univers DW : 12 est LE Docteur qui brise les règles. Comme ça, c’est dit !
Autre point : Moffat répond aux accusations de sexisme par un épisode au casting quasi exclusivement féminin (the zygon invasion) ! Et mis en parallèle avec l’intrigue du New Year Special Sherlock, on peut dire qu’il tartine allègrement sur le sujet. Après, est ce que ça l’absous de tous ses problèmes, je ne sais pas.
Voilà pour moi, désolée pour la tartine, mais j’étais vraiment enthousiaste et j’avais envie de le dire !
On aura droit à une review du spécial Noël sur DM ?
Bisous et bonne année !