
Césars 2012 : Top 7/Worst 5
La 37e nuit des César, c’était hier soir. Audience record pour la cérémonie (3,94 millions de téléspectateur, 18% de pdA), logique vu les immenses succès populaires en compétition. Et comme d’habitude, pêle mêle : une présentation tellement poussive qu’on devrait en faire un cas d’étude dans les facs, d’heureuses fulgurances et des moments de solitude franchement gênants. Au final, on se marre bien quand même et on sera sûrement devant le poste l’an prochain… comme d’hab !
LE TOP 7
– BERENICE BEJO : MEILLEURE ACTRICE/OMAR SY: MEILLEUR ACTEUR
La Peppy Miller de The Artist mérite largement cette récompense, d’autant que la folie autour de Dujardin l’éclipse un peu scandaleusement depuis plusieurs mois. En la voyant monter sur scène bouleversée pour chercher son prix, on ne pouvait s’empêcher de penser au rôle qui l’avait révélée en 2000 : celui, dans Meilleur Espoir féminin de Gérard Jugnot, de la jeune Laetitia Rance, coiffeuse montant à Paris pour tenter une carrière d’actrice et finissant nommée aux César… Quant à Omar Sy, son émotion contenue et sa mine grave offraient un contraste vertigineux avec son ineffable banane rigolarde qu’il nous sert à longueur de SAV. Il fallait sans doute, pour l’Histoire, qu’il remporte le trophée pour Intouchables. Le symbole est en effet important et, de surcroît, on ne pourra plus dire que les César boudent les comédies populaires. Mais du strict point de vue de la performance d’acteur, je suis un peu gêné par rapport aux prestations, meilleures et plus complexes d’Olivier Gourmet, Philippe Torreton ou Jean Dujardin. Et un peu perturbé par cette sensation d’un César accordé davantage par pression du politiquement correct ambiant que par véritable soucis de récompenser le meilleur. Mais certes, encore une fois, le symbole historique et la joie rageuse d’Omar étaient particulièrement forts, touchants et valaient bien d’être le seul pays à ne pas récompenser Jean Dujardin pour The Artist…
– L’EXPLOSAGE DE PUPITRE DE KAD MERAD
Totalement inattendue, limite effrayante, la vraie-fausse chute spectaculaire de l’acteur, explosant le pupitre tête la première dans un style slapstick aussi brutal qu’hilarant. Puis se relevant et poursuivant son office comme si de rien n’était. Personnellement, j’ai trouvé le gag marrant à pleurer. Et il me semble bien que c’était le premier moment de cette loooongue soirée où enfin, ce qui se passait à l’écran me faisait réagir.
– LE SKETCH BOLLYWOOD DE VALÉRIE LEMERCIER
Totalement barré, loufoque et forcément drôle. Tous les sketches vidéo des Césars devraient ressembler à ce nawak décomplexé.
– « LA DIFFERENCE ENTRE HOLLYWOOD ET BOLLYWOOD, C’EST LE SMECTA »
Dans la foulée du sketch de Lemercier, Antoine de Caunes s’est probablement fendu de sa seule bonne vanne de toute la soirée (ci-dessus donc). A ressortir dans les dîners en ville (mais à éviter au restau indien).
– LE FRANCOIS BERLEAND VIRTUEL
Une fois encore, c’est lorsque les auteurs se lâchent vraiment dans le délire que la cérémonie des César propose de vrais intermèdes comiques dignes de ce nom sans nous faire rougir d’embarras. Bien exécuté par de Caunes, visuellement très fun, le coup du Berléand-tamagoshi sur tablette, ça le faisait !
– LAURENT LAFFITE
Vu dans Les Petits Mouchoirs (et, il y a bien longtemps dans un lointain Paf, la sitcom AB Classe Mannequin), l’acteur s’est lancé dans la remise d’un “César du meilleur réalisateur dans une actrice” (ou un truc dans le genre). C’était d’un goût très limite mais joué avec une telle audace et une telle justesse dans le registre pince sans rire, que le bougre a fait passer la pillule. De Caunes devrait en prendre de la graine.
– LE POEME EN VO/VF DE MICHEL GONDRY A KATE WINSLET
Mimi tout plein, charmant, de bon goût. Un des rares moments de la soirée où je me suis dit que Kate Winslet n’a pas dû nous prendre pour une bande de baltringues.
LE WORST 5
– MATHILDE SEIGNER
Obligé, hein… dans la foulée de la remise du César du meilleur second rôle masculin à Michel Blanc pour L’Exercice de l’Etat (son premier César au bout de huit nominations), l’actrice s’est comporté comme la dernière des connasses. Je n’aime pas pratiquer l’insulte sur ce blog, je crois même que c’est la première fois, mais difficile de trouver un autre terme. Gâcher ce beau moment pour Blanc en agissant de façon aussi insultante (pour ceux qui n’ont pas vu : Seigner a donc demandé à Joey Starr de venir la rejoindre sur scène au prétexte que, selon elle, il aurait dû gagner), c’était…. simplement minable. Même pas scandaleux, juste minable. Joey Starr a eu heureusement l’élégance, lui, de rester assis, laissant sa supportrice ramer toute seule. Mathilde Seigner confirme son statut de plus gros boulet du cinéma français.
– JULIE FERRIER ET UN CHIEN
Le sketch interminable. Un vague truc sur l’importance du métier de dresseur d’animaux avec son enième numéro moisi de teutonne hystéro perruquée. Plombant, mal joué et très, très long. Même son partenaire canin donnait l’impression de s’emmerder, jusqu’à cette sortie de scène gênante à la queue leu leu de la belle avec la bête.
– JULIE FERRIER, LE RETOUR : l’hommage nawak
L’actrice revient sur scène, au naturel cette fois, pour remettre le César du meilleur documentaire. Des trémolos dans la voix elle rend un hommage très étrange à Patrick Dewaere (qui ne lui a rien demandé) avec une tournure de phrase très étrange : “tous autant nominés que vous êtes, Patrick Dewaere ne l’a jamais emporté…”. Genre c’est un scandale. Silence gêné dans la salle.
– LE TIMING, L ‘ECRITURE EN GENERAL
Il n’est pas question de dire ou d’écrire que tout est mauvais dans une cérémonie des César. Que les moins de vingt ans comparent les dernières éditions à celles, épouvantablement plus mornes et pompeuses, des années 80. D’immenses progrès ont été accomplis, certainement depuis la reprise en main du programme par Canal +. Mais il demeure, encore et toujours, cet impression majeure de “on ne sait pas y faire”. Gags lourdingues, timing plan-plan, délires mal assumés, sentiment d’une impossibilité presque culturelle à livrer un véritable entertainment décomplexé à l’américaine. Bon, ben on est en France aussi, donc forcément, voilà… Et il leur passe quoi dans la tête, aux auteurs, quand ils écrivent les textes des acteurs ? Ils trouvent ça vraiment drôle, aux répèt’, les vocalises d’Alice Taglioni ou l’échange entre Valérie Bonneton et Antoine de Caunes ? Heureusement, à chaque soirée des César, quelques belles trouées d’humour me font mentir dont celles mentionnées plus haut.
– ANTOINE DE CAUNES
Difficile de l’accabler parce que l’éternel ludion aux plusieurs casquettes reste éminemment sympa et respectable. Mais il faut se rendre à l’évidence : jouer la comédie, saisir le ton juste d’une vanne au 57e degré, trouver le naturel dans le non-sens qui déclenche les rires et fait qu’on y croit… il sait pas faire, le gars. Son duo avec Alexandre Astier, expert en sérieux papal désopilant, mettait en relief de façon encore plus cruellement gênante les limites de son jeu d’acteur.
MENTION SPÉCIALE : le WTF de la soirée
Attribué à l’intervention surprise de Mathieu Kassovitz bien sûr. Après avoir pollué le débat avec ses ragnagnas twiterriens suite à la quasi absence de L’Ordre et la morale dans les nominations, le réalisateur le plus nombriliste de France s’est fendu d’un beau petit coup de comm’ en déboulant sur scène hier soir pour remettre le César de la meilleure photo. « J’encule le cinéma français » avait-il furieusement twitté sous le coup d’une grosse colère infantile. « Je suis venu honorer ma promesse » a-t-il donc lancé hier soir, devant une salle partagée entre quelques admirateurs et d’autres, plus nombreux visiblement, lui réservant un accueil de glace. D’aucuns trouvent la démarche « courageuse et maligne ». Mouais. Encore de la mousse et de l’incohérence.
Voilà, plié le bilan, bravo aux gagnants, un peu triste pour Polisse et La Guerre est déclarée, également pour Black Swan ou Drive et, même si on se plaint tous régulièrement de s’emmerder devant les Césars comme des poulets en batterie, on y jettera sûrement encore un oeil en 2013.
LE PALMARES COMPLET A CONSULTER SUR LE SITE OFFICIEL DES CESAR
PS : à mon tour de plomber l’ambiance mais à propos de 7e art, c’est bien dans une salle de cinéma que, le 4 février dernier, des individus auraient crié « A mort les Juifs » dans un cinéma de Champigny-sur-Marne, lors d’une projection de La Vérité si je mens 3. Une plainte pour provocation à la haine raciale a été déposée par le Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme, selon des faits rapportés par une dépêche AFP publiée avant hier. Ces mots terribles, même proférés par des individus isolés, sont ni plus ni moins de l’appel au meurtre, mais visiblement ça ne choque plus personne, sur twitter ou ailleurs. « Vive la France » répétait, hier soir, un Omar Sy radieux. J’aimerais bien pouvoir dire la même chose mais là, aujourd’hui, j’ai du mal.
Excellent topo !
Pour le PS (le post scrotum, pas le parti socialiste…), je trouve dommage que tu sous entende que ça ne choque personne. C’est réducteur. Alors oui les médias ne relaient pas ce genre d’infos ou très mal. Oui le racisme existe, mais ici comme ailleurs 🙂 La France n’est pas un cas isolé je pense.
Moi je suis raciste contre Mathilde Seigner… 🙂
Salut à tous.
Je suis assez d’accord avec John Plissken sur l’ensemble de ses Tops et Flops. Je rajouterai 1 Top 2 Flops. Pour le top, il faut signaler le magnifique décolté de Kate Winslet pendant la soirée. Pour les flops, le premier va à l’hommage aux disparus de la profession qui ressemblait a un vague Powerpoint sans aucun extrait sauf pour Marie-France Pisier et l’hommage particulier à Annie Girardot. Et surtout celui qui me met en rogne chaque année : le César de la musique originale. AUCUN extrait, ne serait-ce que sonore, pour illustrer la musique d’un film.
Je regarderai les pros organiser une cérémonie demain soir pour les Oscars.
Comme on est samedi, direction l’aguiche room.
A bientôt sur les commentaires.
entièrement d’accord avec toi sur les points que tu as souligné. Y compris le fait de mater L’Aguiche Room avec une régularité de métronome !
Bien résumé. Une Kate Winslet magnifique 🙂 Une larme devant les images d’Annie Girardot. Un césar pas forcément mérité pour Omar Sy au regard de ses concurrents, une minable mathilde seignier en effet 🙁
michel blanc méritait son césar,et mathilde seignier mériterait si un jour elle est récompenser qu’on lui fasse la même chose,plus qu’un manque de tacte ,un manque de respect énorme pour un homme qui mériterait bien plus…
Bien d’ accord (une fois de plus) avec Plissken sur les récompenses: on s’ enlise de plus en plus et les incohérences (injustices?) sont nombreuses cette année.
quelqu’un aurait il un lien vers la vidéo de l’ intégrale de la cérémonie (VOD ou autres)? je l’ai manqué hier et j’ aimerais y jeter un oeil.
jerome : grand sensible va ! Ouais Kate WInslet était sublime, ca me fait penser que j’aurais dû rajouter un worst of avec le décolleté de Sylvie Testud tiens…
Nahélou : et ouais, cette fille est vraiment un boulet !
Bigfouni : ce pseudo me fait rire, merci !
C’est bien, on n’a même pas besoin de regarder la cérémonie, tant le résumé est impeccable. C’est déjà ça de gagner (ou de perdu, c’est selon).
Donc, l’année prochaine je viendrais lire ton post sur les Césars et ta diatribe sur Emmanuelle Seigner (ben ouais, sont obligé d’inviter la sœur l’année prochaine… ou alors ils l’avaient fait l’année d’avant, je sais plus).
PS : il y aussi des blancs aux oscars, bon y’en a moins apparemment.
Pour info, Laurent Laffite était sur le point de décerner le « César du Meilleur Français dans une actrice américaine » … un des rares moment drole de la soirée, vivement le retour de Lemercier parce que là franchement à part ça … heureusement qu’il y avait l’émotion de Bejo et Sy …
http://www.youtube.com/watch?v=OcvA9jpL-2U
Je suis d’accord avec à peu près tout. A part peut-être pour le poème de Gondry, je ne suis pas sûr que Winslet ait compris le décalage entre ce qu’il disait en français et la traduction qu’il en faisait en anglais.
Pour Kassovitz, le « je suis venu honorer ma promesse » m’a fait rire sur le coup. Après je n’ai pas suivi toute la polémique donc je ne sais pas qui a tort ou raison dans cette histoire.
A noter que Dany Boon avait fait la même chose il y a quelques années (fustiger les nominations avant de venir remettre un prix).
Rhoo la vache, on dirait qu’on a passé la soirée ensemble !?
Dans les oublis il y’a la bonne intro de De Caunes, avec la danse finale en compagne de Joey Starr qui était réussi :
Sinon, cérémonie moins chiante que d’habitude, sans doute parce qu’elle était intéressante grâce aux films en lice. Les récompenses me vont, hormis Dujardin mais je n’y reviens plus, j’en ai déjà assez parlé sur twitter x) En résumé, Les Césars passent à coté de La Star du cinéma français, populaire et talentueux mais je l’accepte un peu mieux avec Omar Sy, mais juste un peu.
Super bilan et d’acc avec tous tes tops et worst! Mathilde Seigner, j’espère qu’ils lui ont fait sa fête en coulisses, sa sortie n’était ni plus ni moins que honteuse et gênante, j’avais envie de lui coller des baffes et connasse c’est encore trop doux pour elle!!!
Et oui, les français rois du paradoxe ont boudé Dujardin… Omar Sy est très bien dans Intouchables, mais franchement, ce que fait Dujardin dans The artist c’est d’un autre acabit! Lafitte était vraiment drôle, ils devraient le prendre pour épauler De Caunes qui a du mal à se renouveler et qui patauge un peu dans la semoule!
Super déçu pour Polisse et Drive aussi, mais curieux de découvrir L’exercice de l’état…
Quand à l’ignominie proférée pendant La vérité si je mens 3, elle me révulse en tant que juif, et en tant que français, elle me fait honte! Maintenant, on sait bien que l’antisémitisme latent ou le racisme sont toujours présents, que ce soit dans une salle de cinoche ou dans la rue… Que tu en fasses écho ici permet de faire savoir que même en allant chercher du bonheur dans une salle, on peut tomber sur l’horreur ordinaire….
rien à ajouter à ton message, il est parfait, sur tous les thèmes. Merci Fred.
Je suis d’accord globalement, c’était pas à se fendre la gueule mais d’année en année, j’observe quand même un net progrès et je ne suis pas sûr que ce qu’ont fait Lafitte et Gondry (définitivement les deux moments épiques de la soirée) auraient eu lieu il y a 5 ou 10 ans. Donc pas génial mais du mieux.
Je ne reviendrai pas sur ce qu’a fait Mathilde Seigner (oui c’est une expression parce qu’en fait je vais y revenir), un tel manque d’élégance, c’est tout simplement honteux et j’espère qu’elle ne sera plus invitée à décerner un César.
Kassovitz a aussi remporté le César de l’hypocrisie, bravo à lui.
Très bon top/worst de ta part où je m’y retrouve pleinement. Pour la Mathilde Seigner, c’est une conne, on le sait mais je reste encore médusé par ses performances live. Faudra qu’un jour elle monte un spectacle, juste histoire de ne pas aller la voir, ou un disque, juste pour ne pas l’acheter.
tout à fait d’ accord! encore que… quand on voit sa filmo, l’ appel au boycott n’est pas vraiment nécessaire tant elle est mauvaise.
la vraie question c’est plutôt pourquoi l’ avoir choisie ELLE pour remettre un prix? Avec tous les acteurs et les actrices de talent en France, pourquoi avoir pris une chieuse pareille?
déjà que le rythme de la cérémonie est long, si c’est en plus pour en voir certain régler leurs comptes lors de ce qui est censé être une fête du cinéma français: ça ressemble de plus en plus à une mauvaise réunion de famille, avec le boulet, le tonton comique mais pas drôle, et les silences gênés. on a encore de gros progrès à faire, quand on voit la qualité des Oscars (raaah mais Hugh Jackman en 2009 quoi!),y a de quoi se poser des questions.
Les Oscars sont aussi très chiants, quand on voit 2011 et 2012. C’est un ptit niveau au dessus évidemment, mais rien de fantastique hors exception comme Hugh Jackmann évidemment en 2009 😉