
#Edito : La solitude de la machine à café
Bonjour à tous. Vous allez bien ? Vous êtes bien rentrés de vacances ? C’était bien ? Moi ? Oh vous savez je fais partie de cette caste de salariés qui ne s’est pas créée de familier… enfin qui n’a pas de gosse je veux dire. Du coup, je passe les mois de juillet et d’août au bureau à bosser peinard. On est moins emmerdé à répondre au téléphone (« Oui, on vous paye la facture », « oui, ça arrivera à la prochaine livraison ! », « Non madame, ce n’est pas la boucherie Sanzot ! ») et on consacre plus de temps sur des gros projets. Pas plus tard que vendredi par exemple, vous découvrirez ce qui arrive quand on me colle un omnibus de La Division Alpha entre les mains.
Par contre, un truc qui ne change pas, ce sont les discussions à la machine à café. Et devinez quel fut l’un des sujets les plus discutés ces dernières semaines ? Je vous le donne en mille, la nouvelle saison de Game of Thrones. « T’as vu John Snow avec le truc quand il fait le chose », « halala Arya elle est trop forte », « Les dragons, les dragons !!! » etc. Je vous avoue que je me sens bien seul lors du rituel caféiné. Parce qu’il faut que je vous l’avoue, attention spoiler ! Je ne regarde plus cette série.
C’est sûrement ma faute, je dis pas hein ! Après quatre saisons à m’endormir de plus en plus, j’ai lâché l’affaire. Du coup, faut pas que je me plaigne… Ha ben si quand même tiens. Râleur un jour, râleur toujours. Parce que voyez-vous, je ne fais pourtant du tort à personne en suivant mon chemin de petit bonhomme, mais j’ai l’impression que les braves gens n’aiment pas que l’on suive une autre route qu’eux. J’ai beau le dire à mes collègues et néanmoins camarades que ce n’est pas grave si je ne regarde pas Game of Thrones, il n’en reste pas moins qu’ils ont du mal à cacher la pitié sur leur visage (ainsi que la colère, mais c’est Robert de la logistique, c’est un connard).
Parfois, je me dis que de tout temps il y a toujours un type comme moi au boulot. Celui qui n’a pas regardé la sacré soirée de Jean-Pierre Foucault hier soir, occupé qu’il était à lire un roman ; celui qui ne regarde pas la finale de la coupe du monde de football et préfère aller au cinéma voir un film indien ; ou bien encore celui qui ne regarde pas Game of Thrones (et je t’emmerde Robert).
Non mais vraiment ce n’est pas grave. J’aime la vie, je n’ai aucune envie suicidaire et je vais bien. Parce qu’en fait, des séries, j’en regarde plein et j’en regardais déjà dans les années 90 quand tu ne savais même pas ce que c’était, Robert ! La solitude à la machine à café n’est pas tant dans la surprise qu’engendre la découverte qu’on ne suit pas les séries les plus populaires mais plutôt dans la faible considération que l’on vous porte quand vous tentez d’expliquer que, par exemple, la majorité des séries actuelles vous indiffèrent et que vous préférez découvrir des œuvres anciennes que vous n’aviez pu voir à l’époque.
Vrai ou faux ? Réalité ou délire paranoïaque ? Toujours est-il que j’ai l’impression que le cinéphile amateur des films noirs des années 40 et 50 ne sera pas ennuyé s’il dit ne pas s’intéresser au cinéma actuel tandis que le sériephile se doit de voir ce qui est diffusé actuellement. Qu’importe que le luxe qu’est le temps nous fasse faire des choix en cohérence avec nos goûts, on reste jugé non pas par ce qu’on aime mais par notre connaissance de la mode actuelle.
Pourquoi ? Peut-être que le succès d’un média dont la force réside dans son rendez-vous hebdomadaire et le contrat qui le lie avec son public sur une longue durée a comme conséquence d’en faire un art à l’empreinte moins durable dans l’esprit des gens. La série du moment n’existe quasiment plus dès qu’arrive la nouvelle, mais elle dispose d’un impact extraordinaire durant sa période de diffusion. J’imagine aussi que les nouveaux modes de visionnage (illégaux ou non), par leur capacité à ne pas « obliger » le spectateur à se conformer à un horaire imposé, n’incite guère à la découverte des séries côtoyant la même grille de programme. Il y a sûrement encore plein de raisons. À vous de me les dire.
Bon, après, on ne me jette pas des pierres. Je râle pour la forme et pour le plaisir d’écrire un édito. Mais je reconnais une certaine frustration que d’essayer de parler d’Homicide, de Hill Street Blues, des Golden Girls, de Clair de lune, de Bienvenue en Alaska, de Farscape, de Friday Night Lights, de Cheers, de Profit, d’Un flic dans la mafia, de Frasier, de Firefly (il y a une bande de Browncoat du Daily Mars qui vous prépare quelques surprise pour bientôt) ou de Babylon 5 et de s’entendre demander en retour pourquoi tu ne regardes pas Games of Thrones ou Walking Dead ?
(réponse : parce que je trouve ça nul)
Ceci étant dit ma revanche est déjà prête. J’imagine déjà la tête de mes camarades et néanmoins collègues dans 20 ans quand ils tenteront de parler de Game of Thrones face à des personnes ne s’intéressant qu’au succès du moment. Et si ce n’est pas le cas, c’est que les mentalités auront évolué dans le bon sens. Du coup, je me pose la question : à partir de quand une série devient vieille ?

Donc tu aimes Chips ? Mmmm
Bon ben j’aimerai bien discuter avec toi à la machine à café ! Parce qu’on aurait beaucoup de choses à se dire sur Cheers, Babylon 5, Frasier, Un Flic dans la mafia ou encore Magnum ou 200 dollars plus les frais… Je suis dans le même cas de figure : je suis pas mal de séries récentes mais je ne suis plus Game of Thrones et The Walking Dead depuis leur saison 2… Et ça me gonfle un peu de sentir une sorte de « jugement » dès lors qu’on ne regarde pas ce que tout le monde regarde ! Et quand tu tentes d’expliquer que tu prends plus ton pied devant les aventures de Jim Rockford que devant celles de Rick Grimes… un silence s’installe. Et tu auras beau sortir que tu suis des séries depuis que tu as cinq ans (en gros, depuis que j’ai vu K2000 sur la Cinq… je suis vieux ou pas ?), que des classiques comme Chapeau Melon et Bottes de cuir, Le Prisonnier ou encore Code Quantum ont façonné ta sériephilie et continuent de « vivre » en toi, tu auras l’air d’un con juste bon à s’entendre dire « Ah ?.. Et ça va quand même ? » si tu ne sais pas qu’un dragon a cramé un type dans l’épisode de la veille…
Donc oui, je comprends tout à fait cette frustration. Mais j’avoue qu’aujourd’hui je suis content : la saison 7 de Game of Thrones est finie… et on va peut-être me laisser un peu tranquille pendant quelques semaines avec la « meilleure série de tous les temps » ^^
Ouaaaaais, « Profit » ! On n’en entend pas assez souvent parler, de celle-ci ^^ Au beau milieu du cimetière des séries-trop-tôt-disparues, elle bouge encore dans son cercueil.
Je ne sais pas ‘il est très pertinent d’opposer « série récente » et « série ancienne ». Ici, on est plutôt dans l’opposition « série à la mode » contre « série moins connue ».
Par exemple, j’aime bien des séries récentes, j’ai pris beaucoup de plaisir à voir la première saison de True Detective ou les deux premières de Fargo. Mais je n’aime pas trop l’héroïc fantasy, Game of Thrones ça m’indiffère. Par contre j’adore la SF, et je mets sur le même plan Babylon 5 ou The Expanse (bon, j’exagère, Babylon 5 est loin devant, mais j’étais vraiment très content de voir une assez bonne série de SF récente).
Cependant, ce qu’il faut quand même admettre, c’est que certaines séries ont mal vieilli. Pour reprendre l’exemple de Babylon 5, j’ai enfin vu l’intégrale il y a deux ans, parce que je n’arrivais jamais à voir tous les épisodes quand ça passait sur Canal +, et que là un copain m’a prêté les DVD. Et bien visuellement, ouch, il faut s’accrocher. Il faut reconnaître que les séries ont maintenant une vraie qualité cinématographique.
Je pense que les vieilles séries resteront pour les amateurs éclairés, par le quidam moyen.
Je pense que c’est tout à fait ça : ce n’est pas tant l’âge qui prime mais la notoriété, qui découle du fandom.
Je regarde Game of Thrones et Walking Dead, et j’aime bien (logique me direz-vous ^^ ). Pourtant, le succès délirant de ces deux séries me laisse dubitatif. Il existe d’autres séries actuelles bien meilleures et qui n’ont pourtant pas le quart du dixième de l’exposition des deux suscitées. Bref, t’es hype, ou tu l’es pas.
L’autre phénomène qui s’ajoute à cela, c’est qu’avec la multiplication des manières de voir une série, plus grand monde n’est calé sur le même fuseau horaire : entre ceux qui regardent le lendemain de la diffusion US, ceux qui regardent quelques jours après, ceux qui ont plus de retard, ceux qui « bingent », ceux qui attendent la diffusion télé française ou les DVD… Je confirme qu’il est devenu difficile de parler « séries » autour de soi…
(et je ne parle même pas de la taille de l’offre sériesque !).
Oui, les temps ont changé, il faut s’y faire.
au-delà du débat ancien contre modernes, deux choses :
– tu as des collègues de merde autour de la machine à café 😀
– le premier tabou en france (limite plus que le saykse), c’est l’inculture.
Les gens n’osent pas avouer/admettre que, bah il savent pas tout. Du coup dès que tu leur parle d’un truc qu’ils connaissent pas ils vont tenter de le décrédibiliser sous prétexte que « c’est trop vieux ». ça marche aussi avec la musique, et aussi avec le cinéma (sisi, même le cinéma ça commence à être de pire en pire). Y’a bien que la littérature où ce n’est pas encore le cas, où un classique reste un classique.
Alors que, soit tu refuses de regarder the Shield ou Oz parce que le grain de caméra fait « vieux », très bien. Mais ostraciser ces séries comme étant vieillotes, c’est de la paresse intellectuelle. qu’est-ce que ça va être quand je vais évoquer star trek TOS…
Je comprend tout à fait qu’avec l’offre actuelle les gens n’ont de toute façon pas le temps de tout regarder, c’est normal de devoir choisir. Il faudrai par contre effectivement se débarrasser de ce diktat qui fait que : si c’est récent je peux en parler, donc si c’est vieux c’est has been je ne dois pas y toucher, personne comprendra de quoi je parle, j’aurai l’air d’un ringard ou pire d’un nerd.
perso j’en ai plus rien à foutre: on me cite une série X, j’en discute avec plaisir, et si on me dit « c’est la meilleure série de tous les temps », on peut en débattre et dire d’où elle tire ses influences (et là on me fait des yeux de merlan frit en général).
Il y a des choses intéressantes dans l’édito mais je trouve que c’est « un peu se prendre la tête » ou alors les collègues de la machine en café en question sont vraiment des lourds.
Me concernant, je suis avec plaisir Game of Thrones et même The Walking Dead, pour évoquer deux des séries les plus « populaires » du moment. Mais à l’arrivée, on ne peut pas généraliser.
Dans mon entourage (famille, amis, travail), quasiment personne ne regarde Game of Thrones (bon, ok, je n’ai pas 10 000 amis, j’habite à côté d’une petite ville de province et je ne parle pas de séries à chaque fois que je croise quelqu’un).
Ce qui est sûr, c’est que lorsque je parle séries ou ciné, j’adapte mes propos à mon interlocuteur. J’ai des potes qui regardent surtout des séries dites populaires comme The Walking Dead ou Prison Break, et je sais que ce n’est pas la peine de parler avec eux de Mad Men, Twin Peaks ou Rectify.
D’autres personnes que je côtoie ne téléchargent jamais, ne sont pas abonnés à des services payants, et pensent que les séries se limitent à des Esprits Criminels, Grey’s Anatomy ou NCIS (qu’ils apprécient). Game of Thrones, c’est de l’inconnu pour ces personnes. A ceux-là, le plus dur, c’est de leur faire comprendre que les séries n’ont rien à envier au meilleur de ce que peut offrir le cinéma, car oui il existe autre chose que les hits des networks (Les Soprano, Mad Men et cie, connaissent pas !).
Ensuite, tu as ceux qui sont allergiques à tous ce qui fait le buzz, et préfèrent les séries dont personne ne parle. Dans ce cas-là, j’évite de parler des blockbusters dans mes discussions. 🙂
Je pourrais évoquer aussi encore d’autres « publics », comme ceux qui ne regardent aucune série. RIEN.
Tout cela pour dire que, de façon triviale, tout dépend des gens que l’on côtoient. Si les collègues sont des « 25/39 ans » tous accros à GOT et qu’on ne regarde pas ou plus, pas de bol ! 🙂
L’astuce c’est de regarder Game of Thrones, et de démontrer autour de la machine à café, exemples à l’appui, pourquoi c’est nul, mal écrit et putassier.
Effet garanti, les gens n’admettront jamais que tu as raison mais seront incapables de te contredire (au-delà d’un timide « non mais faut juste profiter du spectacle »), et ils ne t’embêteront plus.