
Pilote automatique : Gracepoint (FOX)
L’histoire : La vie de la petite ville côtière de Gracepoint, en Californie, est bouleversée lorsque le corps inerte du jeune Danny Solano est découvert au pied d’une falaise. L’inspecteur Ellie Miller, dont le fils est un des amis de la victime, se retrouve en charge de l’enquête au côté d’un nouveau venu, l’inspecteur Emmett Carver… qui vient de lui prendre la place qu’elle convoitait.
Autour de la série : Remake de la série britannique Broadchurch -une des séries qui a fait le plus parler en 2013- Gracepoint est produite par le même duo (le scénariste Chris Chibnall et le réalisateur James Strong) avec le soutien de deux autres producteurs exécutifs : Dan Futterman (acteur-producteur britannique : il a notamment oeuvré dans les coulisses de la saison 3 d’En Analyse) et Anya Epstein (Homicide). Au générique, David Tennant (Doctor Who) reprend le premier rôle masculin après l’avoir déjà tenu dans Broadchurch. Il fait cette fois équipe avec Anna Gunn (Breaking Bad).
Avis : Traduttore, Traditore. « Traduire, c’est trahir », disent les Italiens. En se lançant dans la production de Gracepoint, Chibnall et Strong se retrouvent avec un défi. Reprendre les clefs du succès de Broadchurch (son ambiance, sa distribution, son mystère) pour les utiliser dans un autre contexte : une autre ville, un autre pays et une autre audience.
Pour ce faire, les deux producteurs reprennent dans ce premier épisode la même trame que celle de l’épisode inaugural de Broadchurch. Sans génie, diront certains ? On a plutôt envie de dire « avec application »… et en s’adressant à une audience qui n’a jamais entendu parler ni vu le projet original.
Un choix plutôt sage, même s’il est décliné sans que la spécificité californienne de Gracepoint ne colore franchement le récit. Espérons cependant que Chibnall va explorer cette donnée dans les épisodes à venir (difficile de croire que les origines hispaniques du père de Danny ne vont pas ressortir à un moment donné), un peu comme The Bridge US a dérivé du point de départ de Bron pour explorer l’univers des disparues de Juarez.
Dans cette logique d’adaptation, il y a de bonnes idées. La séquence où le père de l’enfant au cœur du drame traverse la ville à pied m’a paru bien filmée, par exemple (j’avoue : je ne me souviens plus si elle est identique à l’originale…). David Tennant offre également une prestation intéressante. On note ainsi de petites différences entre Alec Hardy (le héros de Broadchurch) et Emmett Carver (celui de Gracepoint).
Mais il y a aussi des lourdeurs. On sent par à-coups le besoin de surligner certaines scènes, pour bien faire passer les informations. Celle de la morgue, par exemple. Et plusieurs séquences avec Ellie Miller. Clairement, passer après Olivia Colman n’est pas un cadeau pour Anna Gunn. Surtout quand son personnage est la première victime de « l’effet Stabilo ». Du coup, on peine à être vraiment convaincu.
Episode 2 ? Oui, quand même. Pas seulement parce que Chibnall a annoncé une fin différente de celle de Broadchurch, mais parce que je suis curieux de voir s’il va vraiment revisiter son travail. Et ainsi aller au bout de la démarche.
GRACEPOINT (FOX)
1.01 – Pilot
Ecrit par Chris Chibnall
Réalisé par James Strong
Avec : Anna Gunn (Ellie Miller) David Tennant (Emmett Carver), Michael Pena (Mark Solano), Virginia Kull (Beth Solano), Sarah-Jane Potts (Gemma Fisher), Nick Nolte (Jack Reinhold).
Quitte à paraître très bête et/ou très naïve, je me lance : je n’ai jamais compris ce besoin de faire des remakes de séries dont l’écriture et la réalisation sont (quasi) parfaites. Pourquoi un tel besoin de réadapter selon la cible (le public, l’audience, la part de marché) que l’on souhaite toucher ? Est-ce à croire qu’il y a des points de ruptures, des différences d’un pays à un autre insurmontables ? Que le processus d’identification à un ou plusieurs personnages ou à une histoire ne peut plus marcher passées les frontières ?
Que les américains ne pourraient apprécier que ce qui se déroule aux USA ?
Et pourquoi un tel procédé parait indispensable outre-Atlantique (Broadchurch, Utopia, Les Revenants…) alors qu’en France, cela arrive rarement (voire jamais) ? Pour ne parler que de moi (car je ne peux parler pour toutes et tous), j’arrive sans souci à être happée par une histoire et ses personnages, et ce qu’elle se passe en France ou pas et qu’elle se se centre sur une ou des communautés (mot délicat mais je n’en trouve pas d’autre) auxquelles j’appartiens ou pas…
Peut être un élément de réponse même si jeune suis a moitié convaincu. Dans le cas présent , une bonne partie de l’équipe original reprend un projet pour l’adapter pour un nouveau public , y’ a pire comme démarche et si je pousse le raisonnement un peu plus loin je pourrais dire qu’à l’instar d’un Lucas qui va modifier son Star wars en ajoutant des scènes , une série est une œuvre qui appartient à son auteur/producteur et donc il est libre de faire ce qu’il veut. Certes le fan international qui aura vu broadchurch , sera déçu mais l’americain qui ne regarde rien qui n’est pas Made in USA verra peut être une série qui lui plaira.
Dans un sens rendons nous grâce d’être curieux et que les producteurs ne décident pas de faire des remake de séries Us pour la France , quoique un 24heures Fr avec Jacques Boyer ….