
Le Bird et l’agent du Bird (critique de Mission : Impossible Protocole fantôme)
Attendu au tournant pour son réalisateur Brad Bird plus que pour sa star sur le déclin, ce 4e volet surclasse allègrement ses prédécesseurs. Un genou à terre comme dans le film, Tom Cruise fait profil bas et se met au (relatif) service d’un metteur en scène qui n’a rien perdu de son génie ludique depuis Les Indestructibles. Tout bénef’ pour le spectateur, comblé par un über blockbuster tellement plus racé que la moyenne.
SYNOPSIS DOSSIER DE PRESSE
Impliquée dans l’attentat terroriste du Kremlin, l’agence Mission Impossible (IMF) est totalement discréditée. Tandis que le président lance l’opération « Protocole fantôme », Ethan Hunt, privé de ressources et de renfort, doit trouver le moyen de blanchir l’agence et de déjouer toute nouvelle tentative d’attentat. Mais pour compliquer encore la situation, l’agent doit s’engager dans cette mission avec une équipe de fugitifs de l’IMF dont il n’a pas bien cerné les motivations…

L’agent Carter (la sublime Paula Patton) en mission séduction dans une soirée indienne somptuaire. Figure imposée de la franchise.
Tom Cruise n’avait pas intérêt à se rater. Tombé dans l’estime populaire depuis sa promo désastreuse de La Guerre des Mondes (ses pitreries chez Oprah Winfrey, ses explosions de scientologisme en public…), l’acteur/producteur le plus puissant de ces trente dernières années a donné le bâton pour se faire battre à tout un tas de gens qui n’attendaient certainement que ça dans le business. Et ce ne sont pas les bides de Lions et Agneaux et du pathétique Night and day, ni le demi-succès de Valkyrie, ni encore moins son humiliant cameo dans Tonnerre sous les tropiques qui auront sorti le petit Tom de son purgatoire. Même Mission : impossible III, sorti après La Guerre des mondes, n’a pas totalement atteint ses objectifs, finissant son run en salles à 134 millions de dollars sur le territoire US, le score le plus faible de toute la saga.
A 49 ans, l’ex-Golden Boy du box office vieillit mal et joue avec ce 4e Mission : Impossible son ultime carte maîtresse pour donner un bon coup de talon à une carrière en manque de second souffle. Ce Protocole Fantôme donne du coup l’impression d’une volonté chez l’acteur de mettre en sourdine sa suffisance naturelle, de moins la ramener à chaque plan, comme si Brad Bird (qu’il idolâtre) avait su dompter le kéké Cruise pour en faire un agent plus humain, voire vulnérable. Sur l’affiche principale du film, finie la tronche solitaire en gros plan de la star. Encapuchonné, photographié en pied, il est désormais encadré de son équipe. Laquelle se trouve un poil plus incarnée dans le scénario que les potiches des volets précédents, particulièrement concernant le personnage d’agent rongé par une faute passée, joué par le génial Jeremy Renner. Tout au long du film, bien mieux dirigé par l’incroyable Brad Bird que par John Woo et JJ Abrams, Cruise semble légèrement plus humble, enfin débarrassé de cet insupportable sourire de winner. La vérité ? Ca fait du bien !
Le film de Bird, lui, dépote sévère. Même si l’ensemble reste toujours la « chose » conjointe de Tom Cruise et JJ Abrams (qui n’est heureusement ici « que » producteur), impossible de ne pas reconnaître la patte de l’oiseau des Indestructibles. Après une fulgurante ouverture qui comblera d’extase orgasmique les groupies de Josh Holloway, on retrouve l’agent Hunt enfermé dans une prison moscovite dont ses complices de l’IMF vont le faire échapper. Admirablement chorégraphiée, d’une clarté renvoyant les tâcherons de la shaky cam et de l’accéléré saccadé aux oubliettes qu’ils n’auraient jamais dû quitter, la mise en scène joue joyeusement sur les ouvertures et verrouillages électroniques des sas de sécurité pour orchestrer la progression de Tom Cruise au milieu d’une baston générale qu’il a lui-même déclenché. Le tout sur fond de Dean Martin pour ajouter un zeste supplémentaire d’humour, lequel se manifeste plus frontalement ici que dans les précédents volets. L’augmentation du quota de Simon Pegg (de retour en agent gaffeur et tech) n’y est pas étrangère mais c’est tout le film lui-même qui semble moins se prendre au sérieux que ses prédécesseurs.

Ethan Hunt en plein trip Spider-Man au 123e étage de la tour Burj Khalifa de Dubai. Il parait que c’est vraiment lui..
On est souvent aux frontières de la comédie d’action et, même si Brad Bird n’a pas signé le script (dû à deux anciens d’Alias), on retrouve parfois dans ce M:I 4 exactement le même esprit de pastiche affectueux des codes du film d’espionnage qui faisait le sel des Indestructibles. A l’œuvre également dans la séquence vertigineuse (au sens propre) de la tour Burj Khalifa de Dubai (tournée en Imax), la veine cartoonesque et ludique de M :I GP explose dans le climax, où Cruise et le vilain de service se foutent sur la gueule en bondissant d’un niveau à l’autre d’une usine de voitures automatisée, comme dans un jeu de plate-forme. Marrant ! Mais l’humour n’empêche cependant pas M:IGP de savoir aussi imposer le silence dans la salle avec quelques pics de tension à couper à la machette…
Certes, on repassera pour… comment dire… le fantasme d’un blockbuster « d’auteur » comme pouvait l’être Piège de cristal (auquel on pense tout de même fréquemment pendant le film). Malgré tout son immense talent, Bird ne peut empêcher le sentiment général de redite, certes brillante, de figures imposées par la franchise, parfois au plan près. De même, tout le scénario paraît revenir aux sources du premier chapitre signé De Palma où, après une première mission foirée, tout l’IMF se voyait désavouée et Ethan Hunt aux abois. Pêché véniel, au même titre que l’abus d’énormité des exploits physiques de Hunt, surhomme à l’épiderme visiblement aussi blindé que celui d’un Terminator. On pardonne à M :I GP ce sage respect du cahier des charges « à la James Bond », parce qu’à l’inverse de l’école décérébrée prônée par l’infâme Bay ou les producteurs de Fast & Furious 5, ce méga ride nous donne le sentiment de prendre notre pied sans nous rouler dans la fange.
A tous les postes, Bird et sa team offrent l’excellence : comédiens (Jeremy Renner, ZE acteur badass, ne venez pas m’emmerder avec votre Ryan Gosling pour minettes, là), rythme, dialogues, générosité des morceaux de bravoure… Seule réserve : le twist rageant des cinq dernières minutes nous refaisant le coup de M:I 3 mais, allez, halte au chipotage. Brad Bird s’est brillamment acquitté de sa première expédition en terrain live et on lui souhaite de déployer ses ailes de plus belle pour la suite. Tom Cruise lui doit une fière chandelle : l’agent Hunt sous l’ère Bird nous a conquis et l’acteur Cruise nous donne presque envie de le voir reparti comme en 40 dans d’autres films. Et ça, si c’était pas mission impossible !
MISSION IMPOSSIBLE – PROTOCOLE FANTÔME, de Brad Bird (2h13). Sortie nationale le 14 décembre.
JE SUIS POUR.
Je le pressentais bien, je suis content d’avoir tapé juste. Ca donne envie de le voir. Simon Pegg FTW !
Déjà que le trailer m’avait fait saliver, après la lecture de ta critique j’ai le gaulaumètre au max:-)
…ou l’art de transformer un gaulomètre dopé au bromure de potassium, en une folle envie de se laisser tenter par la belle Paula Patton…
Chapeau !
gaulomètre dopé au bromure de potassium, haha, merci pour les rires ! Et merci à vous pour vos premières réactions, j’aime.
Je suis toujours fâché avec le père Tom Cruise, mais je ne peux pas rater le 1er film live de Brad Bird à Hollywood (je suis fan absolu des Indestructibles).
D’après ton article, cette bande annonce survitaminée n’est pas là juste pour le show, il y a un vrai bon film d’action derrière, et ça, ça donne grave envie.
Le reste du casting donne envie aussi et j’aime bien ce Jeremy Renner (Hurt Locker).
Bref, j’irai voir MI:Ghost Protocol 🙂
Je suis excité.
Bonjour,
Je travaille pour le magazine Le Film français. Nous allons organiser en début d’année prochaine un événement autour du cinéma. Pour vous envoyer une invitation et vous joindre en cas de besoin,
nous aurions besoin de vos coordonnées (mail, nom, prénom, adresse, téléphone si possible).
Vous pouvez me joindre à l’adresse suivante : showeb@lefilmfrancais.com
Bien cordialement, Florent.
Mail envoyé !
IT’S A TRAP !
LOL, nan j’ai vérifié 🙂
encore une fois une belle critique qui donne envie mon cher john 😉
J’irai…
Idem, tu fais partie des quelques critiques qui m’ont donné envie d’aller le voir alors que je n’y pensais pas après les mauvais MI II et MI III. Si on a droit à un bon divertissement intelligent, bien interprété et bien réalisé je serais comblé !
En revanche c’est quoi cette attaque basse, contre Ryan Gosling ?!? Enorme acteur lui aussi, la révélation de l’année. Et je rajouterais que Cruise m’avait agréablement surpris dans Tonnerre sous les Tropiques, il se lâchait complètement, se foutant de ce que l’on allait dire sur lui. Cela vient sans doute du fait que j’ai adoré cette comédie complètement loufoque.
Totalement d’accord avec Hyubasa (je fais péter le gaulomètre à 5) sauf pour MI III ( re-revu sur TF1 hier soir). A part quelques petit défauts de scénar’ tout le reste était vraiment sympa, en 2006 à part lord of war et les fils de l’homme bin y’avait pas grand chose de bien au cinoch’.
J’étais sorti content de la salle et hier soir je me suis encore dit qu’il avait vraiment bien vieilli.
JJ Abrams a été meilleur scénariste sur MI III que sur Armageddon. (Allez y criez mais MI III casse la gueule des météorites et large en plus)
😉
Ouch je te trouve dur sur l’année 2006 !!
Les infiltrés, le Prestige (qui reste toujours mon Nolan préféré) V pour Vendetta, et mon chouchou C.R.A.Z.Y 🙂
Bon ok pour les infiltrés et le prestige, mais après…
La franchise M:I est reboostée avec cet excellent opus, bien d’accord avec toi. L’humour fait du bien, et l’action non-stop: wow!
ATTENTION : l’avis ci dessous contient un gros spoil sur l’intrigue. A vous de voir !
J’avais gardé un excellent souvenir de MI3 mais j’ai été très déçu par celui-ci.
L’intrigue est loin d’être passionnante, le méchant n’est pas charismatique pour deux francs, les cascades et les gadgets sont invraisemblables (pire que d’habitude je veux dire). J’ai passé mon temps à soupirer devant les twists convenus et les gags pas drôles.
Le personnage de Jeremy Renner m’a déçu, un espion qui raccroche rongé par le remords après une mission ratée et se retrouve embarqué malgré lui dans une nouvelle aventure … ben c’est pas super original. ça m’a juste fait marrer que son histoire soit basée sur une imposture.
Par contre le twist final au niveau implication émotionnelle c’était un peu nul, personnellement je n’en avais rien à faire que sa copine soit vraiment morte ou pas. J’ai pas bien compris l’intérêt.
Surtout que dans MI3 la fille était un des rares trucs qui m’insupportaient.
Contrairement à celui-ci en fait, où la caution féminine est la seule chose qui ait retenu toute mon attention. Paula Patton et ses faux air de Sydney Bristow métisse ont réveillé des fantasmes au parfum d’espionnage enfouis depuis 10 ans. 🙂
Ah et j’ai bien aimé le caméo de Ving Rhames aussi. Je commençais à désepérer qu’il fasse une apparition dans ce 4ème film.
Ben mon colon si ca c’est pas du troll !
Je suis en désaccord avec toi sur toute la ligne, perso je trouve celui laaaaargement supérieur au 3 pour plein de raisons (mise en scène, écriture, photo, jeu des acteurs…) ; on est tous les deux d’accord uniquement sur le twist final (et pour le coup je trouve assez nul que tu te permettes de le spoiler de la sorte, c’est quand même très irrespectueux pour ceux qui n’ont pas encore vu le film).
Je ne vois absolument pas le rapport entre Paula Patton et Sydney Bristow (ok elles sont canon, brunes et elles castagnent…. à part ça ?) et sinon, oui, certes, Mission : Impossible, c’est un blockbuster, une grosse franchise avec ses figures imposées, donc l’attaquer sur un manque d’originalité et l’invraisemblance, c’est un peu court je trouve !
Oula, je ne voulais pas vous fâcher, et encore moins lancer un troll.
Je n’ai pas revu MI:3 depuis sa sortie en salle et à l’époque il m’avait paru plus fun, plus inventif, plus intelligent que celui-ci.
Après je suis bien incapable de juger de la mise en scène, de la photo ou du jeu des acteurs, je ne fais qu’exprimer un ressenti à la sortie de la séance.
Pour le spoiler effectivement j’ai fait mon boulet, ce n’était pas mon intention et je m’en excuse.
Quant à Paula Patton, je l’ai simplement trouvée aussi sexy en robe de soirée que pouvait l’être Sydney Bristow dans ce genre de scènes. Là encore ce n’est qu’un ressenti que je ne pensais pas devoir argumenter. 😉
Hâte d’aller le voir… Ta critique est très fine. Mais juste avant j’avais lu celle de Télérama et ça me fait peur : ils ont aimé ! Et quand Télérama aime, je me méfie… Allez, ciao , bises !
Ton pseudo me fait toujours rire, garde celui là !
Perso, je me suis pris un bon shoot d’adrénaline, d’action, d’humour et de scènes à couper le souffle dans les mirettes avec un Tommy au top de sa forme, entouré par une équipe qui ne joue pas les utilités; un Simon Pegg irrésistible, un Jérémy Renner parfait et une Paula Patton sexy en diable et qui défonce du méchant à coups de latte…A mon avis, Daniel Craig et son 007 ont du mourron à se faire pour se réinventer encore après ça:-)
En même temps Craig n’a pas entendu son 4eme 007 (bon d’accord y’en à que 2 avec lui) pour instaurer un nouveau souffle à la franchise. Bon d’accord on aime ou on aime pas…mais ça c’est un autre sujet. (Perso j’aime :p)