
Hacker de Michael Mann : la menace fantôme
“Notre prochain Pearl Harbor pourrait fort bien être causé par une cyber-attaque…ˮ
Leon Panetta, ex-directeur de la CIA, lors d’une audience du Sénat américain.
“C’est le nouveau visage de la guerre au 21e siècle : invisible, anonyme et dévastatrice… avec la capacité de mettre la société industrielle au point mort. Nous avons ouvert la boîte de Pandore et il est désormais impossible de faire marche arrière.ˮ
Michael Joseph Gross, romancier et journaliste à Vanity Fair.
Michael Mann a laissé passer six ans depuis Public Enemies. Avec Hacker, prévu en salles le 18 mars, il revient au thriller high-tech et aborde un thème ultra-contemporain : la cybercriminalité. Esthétique démente, scènes d’action pétaradantes, mais l’Amérique a fait la fine bouche… Heureusement au Daily Mars, on adore le film. Et on le prouve !
À 72 ans, le grand Michael Mann vient de connaître un nouveau revers au box-office (Collateral, son dernier succès commercial, remonte à 2004. Et sa série sur les courses hippiques, Luck, a fait un flop). Muni d’une enveloppe budgétaire de 70 millions de dollars par Universal, Hacker n’a rapporté, en effet, que 8 petits millions de dollars sur le territoire nord-américain mi-janvier. On appelle ça un four monumental. Dur pour ce formaliste génial. D’autant qu’en France, ce polar est loin de faire l’unanimité. Assez mal reçu par la critique, Hacker (Blackhat en version originale, soit le surnom donné aux pirates informatiques mal intentionnés) présente vraiment tous les stigmates du projet maudit. Ponctué par la musique électronique d’Atticus Ross (The Social Network), ce film hypnotique, stylisé à l’extrême, est pourtant loin d’être le désastre que certains se plaisent à décrire – il fera même l’affaire comme meilleur actioner de ce début d’année.
Hacker débute par un long plan-séquence entièrement en images de synthèse qui nous plonge directement au cœur du sujet. On part de la Terre vue d’un satellite pour arriver à la plus petite puce d’un ordinateur. Puis on suit la trajectoire d’un virus informatique à travers les multiples ramifications des réseaux. Ce logiciel malveillant, représenté par des diodes lumineuses qui serpentent le long des câbles, atteint sa cible : l’ordinateur d’une usine nucléaire de Hong Kong. Cette attaque provoque la surchauffe d’un circuit de refroidissement et, surtout, l’explosion d’un réacteur de la centrale ! Une catastrophe qui colle la chair de poule, à l’heure où la tragédie de Fukushima est encore dans tous les esprits.
S’agit-il d’un acte politique ou terroriste ? Mystère. Les motivations du criminel restent obscures : aucune tentative d’extorsion de fonds ou de revendication n’a été faite.
Peu après, une nouvelle attaque a lieu à Chicago : à l’aide d’un RAT (remote administration tool, outil de prise de contrôle à distance), l’énigmatique hacker manipule le cours du soja dans les marchés boursiers et provoque l’inflation soudaine des prix. Une catastrophe économique à l’échelle planétaire.
Suite à ces sabotages, le FBI et la police secrète chinoise décident de s’unir et de former une équipe d’experts. Pour identifier le coupable, ils font appel à Hathaway (le colosse australien Chris Hemsworth, qui a dû être Viking dans une autre vie), un codeur de génie incarcéré à la prison de Canaan en Pennsylvanie, où il purge une peine de quinze ans. On lui offre la liberté à condition qu’il accepte de démasquer et de mettre fin aux agissements de son alter ego : l’insaisissable pirate informatique qui menace de plonger, d’un coup de clic, le monde dans le chaos.
Personnage indéchiffrable d’une intelligence supérieure, Hathaway se lance dans une course immatérielle à la poursuite du cybercriminel, avec l’aide de son ancien camarade de chambre au M.I.T., le capitaine Chen (le roi de la pop chinoise Lee-Hom Wang) et de sa sœur Lien, une brillante ingénieure réseaux (la sublime Tang Wei, découverte dans le torride Lust, Caution de Ang Lee). Une agente chevronnée du FBI (Viola Davis) et un marshal (Holt McCallany) accompagnent le groupe.
L’ENNEMI DANS LA GLACE
À l’instar d’un cinéaste comme Howard Hawks, Michael Mann a tendance à refaire toujours le même film. Ou du moins à proposer des variations sur un même thème. Et il est vrai que Hacker, c’est du Mann tout craché ! On y retrouve un héros solitaire en quête de liberté, véritable rebelle réfractaire à toute forme d’autorité (il lit Le système des objets de Jean Baudrillard et Surveiller et punir de Michel Foucault dans sa cellule), qui excelle dans son domaine de compétence (ici l’informatique). Hathaway est en effet un franc-tireur taciturne, qui s’est donné comme surnom… Ghostman. Très professionnel, ce héros mannien traverse d’ailleurs le film comme un authentique fantôme. Sans laisser de trace. Ou presque : dans une scène cruciale, il est filmé à son insu – et donc piégé – par une caméra de surveillance dans un restaurant. Ce qui le met dans une colère noire.
Dans le film, Hathaway se lance donc sur les traces d’un dangereux programmeur, virtuose du codage informatique. Un hacker maléfique et invisible, sorte de double obscène, qu’il traque sans relâche.
Dans Le sixième sens (Manhunter, 1986), Mann racontait déjà, peu ou prou, la même histoire d’affrontement gémellaire : le profiler du FBI Will Graham (William Petersen) ne trouvait rien de mieux que de s’identifier à des psychopathes pour retrouver leurs traces, en préméditant leurs actes. Dans une séquence, l’inspecteur schizo parlait même à son propre reflet dans la vitre, ruisselante de pluie, d’un bar d’aéroport : “Ça sera toi ou moi, désormais. Je n’aurai pas la paix tant que tu seras libre.ˮ On retrouve une situation quasi similaire dans une scène de Hacker, où Hathaway dialogue à voix haute avec un ennemi imaginaire.
Dans Heat (1995), un lieutenant tenace de la police criminelle (Al Pacino) s’acharnait à retrouver le chef d’un gang de braqueurs (Robert De Niro). Un professionnel solitaire et endurci avec lequel il développait une relation fusionnelle. Dans cette fable, le réalisateur représentait le flic et le voyou comme les deux faces d’une même médaille. Idem dans Public Enemies (2009), qui relatait, dans l’Amérique de 1933, la traque du légendaire braqueur de banques John Dillinger (Johnny Depp, froid et détaché) par l’agent du FBI Melvin Purvis (Christian Bale).
Enfin dans Miami Vice – Deux flics à Miami (2006), Mann suivait en Floride deux agents fédéraux (Colin Farrell et Jamie Foxx) qui endossaient, au péril de leur vie, l’identité de passeurs de drogue afin de coincer l’un des plus grands trafiquants d’Amérique Latine. Là encore, les frontières entre le Bien et le Mal s’estompaient progressivement. Au point que le détective Sonny Crockett compromettait son intégrité en flirtant avec l’administratrice financière du cartel, interprétée avec une classe folle par la Chinoise Gong Li.
À la fois traqueur et traqué, Hathaway, criminel repenti au service de la justice, est la somme de tous les héros existentiels de Mann. Un maverick coincé entre deux mondes, à l’image d’Œil de faucon (Daniel Day-Lewis), jeune Blanc adopté dans sa plus tendre enfance par des Mohicans.
THIS IS A MANN’S WORLD !
Les détracteurs de Mann lui reprochent donc un certain rabâchage thématique (on appelle ça un auteur, baby !). Mais pourtant dans Hacker, le cinéaste expérimente et aborde le film comme un véritable prototype. Il explore même des territoires qu’il n’a jamais visités auparavant. À commencer par l’Asie : l’intrigue nous entraîne en effet de la République populaire de Chine (Hong Kong) à la Malaisie, en passant par Jakarta, en Indonésie. Au contact de cette civilisation, Mann s’oxygène et nous offre des images de toute beauté (le survol de Shanghai de nuit). Son film est, une fois de plus, une ode aux néons et lumières de la ville.
Mais le nouveau monde que Mann explore pour la toute première fois dans ce film – et son plus grand pari – c’est bien sûr celui des réseaux connectés. Un monde sans frontière. Et sans loi.
L’univers digital qu’il décrit dans le film est froid et dévitalisé (à l’image de l’ouverture kubrickienne en CGI évoquée plus haut). Et le réalisateur s’amuse ici à opposer le monde virtuel au monde réel. Et à voir comme ce dernier peut résister à sa propre disparition.
Il a rencontré aussi des experts de Washington travaillant pour la Défense nationale ou dans le domaine de la sécurité informatique. Et il prévient le monde des dangers qui nous menace : “On croit que l’on vit dans une bulle sécurisée, que notre vie privée est protégée, mais ce n’est pas vrai du tout. On vit dans un monde de données et d’interconnexions. Tout ce qu’on fait ou touche entre alors dans un réseau. C’est un peu comme si on vivait dans un quartier très dangereux et que toutes les portes et les fenêtres de notre maison étaient ouvertes sans qu’on le sache.ˮ
À l’heure des lanceurs d’alerte comme Julian Assange, Bradley Manning ou Edward Snowden (voir à ce propos l’excellent documentaire Citizenfour, en salles depuis le 4 mars), Hacker est un film qui arrive à point et aborde des inquiétudes bien dans l’air du temps. Le mensuel américain Wired, bible des geeks, a d’ailleurs apprécié.
En 1983, John Badham traitait déjà ce genre de sujet parano, résultant de la Guerre Froide, dans War Games, l’ancêtre du film de hacking. Mais l’époque a changé. Nous sommes passés désormais à l’ère du Big Data, ces groupes d’Internet tentaculaires qui se sont développés sur la base de captation de données, grâce à des algorithmes de plus en plus performants.
Comme le redoutent les plus grands spécialistes, les cyberguerres vont sans doute, dans les années à venir, provoquer de sacrés dégâts dans le réseau global. Et la violence de ces attaques n’aura cette fois plus rien de virtuelle…
UN BUG DANS LA MATRICE
Filmeur hors pair, Michael Mann livre aussi dans Hacker quelques-unes de ses plus belles créations visuelles. À la recherche d’un cinéma purement sensoriel, le metteur en scène signe un film organique, aride et épuré, qui tend vers l’abstraction. Une œuvre dégraissée et dénuée de psychologisme. Son but, comme toujours : faire passer des émotions par la forme. Capturées avec l’Arri Alexa, les images numériques de ce thriller haut de gamme ne cessent de fasciner par leur sophistication. Le directeur de la photographie Stuart Dryburgh (La leçon de piano) a d’ailleurs opté pour des objectifs à grande distance focale. La beauté de ses plans au rasoir, leur force graphique, leur cinégénie, impressionnent durablement la rétine.
Qu’il filme une salle de la Bourse déserte, jonchée de prospectus, ou saisisse, en plein vol, une armée de tueurs surarmés dans les étages d’un immeuble en construction, Michael Mann dilate nos pupilles.
Donnez-lui une flaque d’eau et cinq blocs de béton, plantés à la verticale sur le sol, telle une rangée de monolithes, et le cinéaste vous concocte la plus hallucinante séquence de fusillade qui ait jamais martelé un paisible écran de cinéma (et le gus s’y connaît – il s’est fait le chantre des gunfights dantesques depuis la fameuse séquence de guérilla urbaine de Heat, où les balles des fusils mitrailleurs ricochaient en plein downtown L.A.).
Il y a aussi dans Hacker une scène de traque dans un tunnel d’évacuation des eaux pluviales qui donne le tournis (Ritchie Coster y est terrifiant en tueur aguerri, impitoyable mercenaire serbe à la solde du vilain en chef).
Et puis il y a ce climax final qui va vous retourner la pulpe du cerveau : une parade où les protagonistes s’entretuent au milieu d’une foule d’Indonésiens, véritable retour à la barbarie primitive d’une violence inouïe. Festival de sons et de couleurs, de ralentis sensuels et de danses folkloriques balinaises, la cérémonie nocturne se déroule sur Papua Square et réunit quelque 3000 figurants vêtus de costumes traditionnels. Un défilé tellement stylé et irréel, qu’il plonge le film dans une dimension quasi onirique.
Dans la toute dernière image, mélancolique, les protagonistes se fondent dans la foule d’un aéroport et s’effacent derrière une mosaïque de pixels, issue d’un écran de surveillance, voile inquiétant qui recouvre peu à peu l’image. Le monde entier est désormais contrôlé par d’invisibles et minuscules 0 et 1 qui courent à travers les airs et le long des câbles qui nous entourent. The dream is over, chers little big brothers et little big sisters…
Réalisé par Michael Mann (USA, 2014). 2h13. Avec Chris Hemsworth, Tang Wei, Viola Davis, Lee-Hom Wang, Ritchie Coster, Holt McCallany, John Ortiz, William Mapother, Yorick Van Wageningen. Sortie le 18 mars.
Le DVD et le Blu-ray import américain de Hacker (Blackhat) sortiront chez Universal, avec sous-titres français, le 12 mai prochain.
Toutes les photos de Hacker sont la propriété de ©Universal.
Hacker, Bande Annonce VOST par DailyMars
Bordel que ça fait du bien cet article!!
Merci de tout coeur David.
Je fais partie des fans « hardcore » du cinéaste.
On ne dira jamais assez combien sa filmographie est injustement sous-estimée, combien il reste le plus talentueux cinéaste contemporain ricain encore en activité.
Cette fois, avec le bide retentissant de « Blackhat » au states (un de plus, faut dire aussi qu’ils savent reconnaitre les metteurs en scène de qualité là-bas…), et vu que le film aura beaucoup de mal à rentrer dans ses frais aussi en europe, on peut dire que ça commence sérieusement à sentir le sapin pour lui.
Quand il prends des risques (« Révélations », « Miami Vice » ou même « Public Enemies »…), ça marche pas, et quand il donne dans le cinoche un peu plus « commercial », ça marche plus non plus.
Désespérant…
Pendant ce temps-là, les films de super héros continuent de casser la baraque au BO.
Pfffffffff……..
Merci à toi Sylvrock.
La défense de Mann, j’en fais une affaire personnelle. A l’image des espèces animales menacées, cet immense réalisateur doit préserver coûte que coûte son indépendance à l’heure où les studios produisent des films de merde en grande quantité, en se foutant de la gueule d’un jeune public facile à abuser, avec des produits industriels indigents.
A mes yeux, Mann est l’un des meilleurs cinéastes américains encore en activité. Et à son grand âge, il ne lui reste plus beaucoup de films à tourner. Alors profitons encore des images que nous offre ce très grand monsieur. Un perfectionniste génial du 7e art (oui, il fut un temps où l’on appelait le cinéma encore ainsi).
Respect.
C’est un grand cinéaste, mais il faut reconnaître que Public Enemies était raté. Et que Hacker n’est pas très bon. Signé par un assistant-monteur, le scénario, est très léger (gentil hacker contre méchant hacker), plein d’invraisemblances, l’acteur principal pathétique (je vous rappelle qu’au siècle dernier, Mann tournait avec Pacino, De Niro ou Russell Crowe) et que Mann refait – en moins bien – des scènes entière de Heat, Collatéral ou Miami Vice. Triste.
Je me suis regardé hier Heat. Vous devriez essayer pour voir la différence…
Hello Marc,
Cómo estás ?
La première fois que j’ai vu Public Enemies, j’ai été déçu comme toi. Je trouvais le film assez longuet. L’image numérique me semblait totalement anachronique avec l’époque traitée (la Grande Dépression). Et Johnny Depp me paraissait fade (je lui préférais Warren Oates dans le Dillinger de John Milius, datant de 1973). J’ai appris par la suite que ça s’était mal passé sur le tournage entre Johnny Depp et Michael Mann. Le réalisateur lui a foutu une pression monstre et Depp s’est replié sur lui-même, en boudant dans son coin.
Mais j’ai revu Public Enemies par deux fois. Et il est meilleur à chaque vision ! Au point que mon sentiment de déception a disparu. Et je vois davantage aujourd’hui les qualités de cette œuvre que ses défauts (ce long métrage est tellement riche que l’on ne peut pas tout capter du premier coup). Crois-moi, Public Enemies prend de la valeur avec le temps. Surtout que, depuis sa sortie, on s’est tapé de sacrés daubes qui ne lui arrivent pas à la cheville.
En ce qui concerne Hacker, j’ai bien précisé en début d’article que la presse était très divisée sur le film. C’est le moins qu’on puisse dire. D’où vient ce désamour ?
Personnellement, j’adore vraiment le film même si je suis conscient que ce n’est pas le meilleur Mann (j’ai simplement dit que c’était le meilleur actioner de ce début d’année).
Tu dis que l’acteur principal, Chris Hemsworth, est pathétique. Je trouve personnellement qu’il fait le job. Dans le premier Thor, je le trouvais assez sympa. Et dans Rush de Ron Howard, carrément excellent en James Hunt (même si en face, Daniel Brühl était extraordinaire dans la peau de l’Autrichien Niki Lauda). On peut trouver Hemsworth fadasse et peu charismatique, considérer qu’il n’a pas le physique de l’emploi (faut-il obligatoirement un frêle binoclard au visage boutonneux et aux cheveux gras pour jouer un nerd informaticien ? Un colosse blond, tapant avec d’énormes paluches sur un clavier, te paraît inapproprié ? Renseigne-toi sur Stephen Watt, un pirate informatique qui fait de la muscu).
J’avoue que j’aurais préféré un autre acteur pour le film. Mais le rôle d’Hemsworth est peut-être plus complexe que tu ne le crois. Son personnage, surnommé Ghostman je le rappelle, est à peine incarné. C’est une enveloppe vide. Un type pas très loquace, limite autiste. Un héros totalement opaque (on ne connaît presque rien sur son passé). Difficile de s’identifier à lui. Mais je soupçonne Mann d’avoir dirigé son comédien ainsi. Hemsworth est inexpressif pour les besoins du rôle. Hathaway reste ainsi un mystère indéchiffrable. C’est davantage une silhouette ou une icône qu’un être de chair et de sang. En cela, il fait déjà parti d’un monde dématérialisé. Et n’a plus rien à voir avec le nôtre. Il faut attendre la fin du film et le voir saigner pour se convaincre que ce “fantômeˮ est bel et bien humain.
Il y a certes des invraisemblances dans Hacker, mais comme tu le sais, Hitchcock était coutumier du fait et ça ne l’a pas empêché de signer quelques chefs-d’œuvre. En cas de flottement scénaristique, Mann utilise toujours la même recette : crank up it à fond de caisse ! Le réalisateur a souvent fait avaler d’énormes pilules au public en noyant ses scripts boiteux sous un déluge d’effets. Et puis le réalisme, Mann s’en fout ! Le scénario de Hacker ne tient pas toujours debout (la scène sur l’île où Hathaway devine, un peu trop facilement, le plan machiavélique du méchant), mais bon, ce n’est pas mieux dans les derniers James Bond…
“Je vous rappelle qu’au siècle dernier, Mann tournait avec Al Pacino et Robert De Niro…ˮ clames-tu, scandalisé. D’accord. Mais, déjà, on ne compare pas deux immenses acteurs avec un jeune débutant comme Hemsworth. Avec le triomphe mondial de Avengers, l’Australien doit être simplement plus bankable aux yeux des investisseurs que Pacino ou De Niro. Les temps changent. Et le public aussi.
Aujourd’hui Mann ne tourne peut-être plus avec des stars de ce calibre. Mais as-tu vu les derniers Pacino et De Niro, tournés au XXIe siècle ? Bob fait la pute dans Killer Elite avec Jason Statham, Unités d’élite avec Curtis “50 Centˮ Jackson ou Malavita de Luc Besson. Et le bon vieux Al s’abime dans des nanards comme 88 minutes et La loi et l’ordre (avec De Niro, tiens !).
Hacker, au moins, est un film digne et sans compromis.
Sinon je suis entièrement d’accord avec toi sur un point : Heat est l’un des sommets de la carrière de Mann. Un film parfait. Et je ne me lasse pas de le revoir.
Bien à toi. Et bonne continuation.
Mikano.
Il y a, à mon humble avis, pas mal de cinéastes qui aimeraient bien faire des films aussi « ratés » que « Public Enemies ». 😉
« Blackhat » n’est certes pas un Mann « majeur », mais il n’en écrase pas moins la concurrence dans son genre, et – surtout – le style inimitable du cinéaste est toujours bien présent!!
Après on peut effectivement être déçu, si l’on compare avec ses films plus anciens, mais encore une fois, quand on s’est pris des bides aussi cinglants dans la tronche, ça peut mettre un petit coup de frein à l’ambition artistique – même inconsciemment…
Petite précision toute personnelle : c’est amusant, mais je dois être un des rares fans du cinéaste ne considérant pas « Heat » comme le sommet de sa filmo. J’ai toujours trouvé le film trop long, et je lui préfère de loin « Manhunter », le director’s cut de « Miami Vice », ou même « Collateral ».
Pour ce qui est du sommet de le carrière du monsieur, je crois qu’on sera d’accord pour dire qu’il n’atteindra sans doute jamais plus la perfection de « Révélations ». Ce dernier fait d’ailleurs toujours partie de mes 3 films favoris, tous cinéastes et genres confondus.
Je te reçois 5 sur 5. The Insider est sublime. Manhunter génial. Collateral très bon. En revanche, j’aime moins le Director’s cut de Miami Vice que sa version ciné. Le cinéma de Mann est vital. Michael, c’est comme la famille. On n’y touche pas !
Pareil, la version ciné de Miami Vice a ma préférence. On dirait vraiment un épisode de série télé : on début en plein milieu d’une affaire (commencé à « l’épisode d’avant »), on passe à l’affaire de la semaine et ça se finit sur un cliffhanger.
Sauf que dans le style, un truc comme ça passerait très mal à la télé.
Grand fan de Michael Mann, j’ai plutôt bien aimé ce Blackhat sans que cela soit non plus son meilleur film.
Visuellement, c’est du Mann (c’est d’ailleurs aussi pour ça que je vais voir ses films, on est jamais déçu). Après, le scénario n’est pas extraordinaire, en effet, mais c’est un peu souvent le cas avec lui. C’est efficace, sans plus. Et pour le coup, quand je compare à d’autres films sur le « hacking » ben il s’en sort vachement bien en évitant pas mal de pièges (« l’informatique, c’est magique » (ou pas)).
Je comprends aussi les gens qui n’aiment pas. A mon sens, les films de Michael Mann se vivent plus qu’ils ne se regardent ; soit tu es dedans (avec les personnages), soit tu es dehors (dans ta salle de ciné). Ils sont l’essence même de ce qu’on pourrait appeler des « films de réalisateur », où la mise en scène est plus importante que le scénario.