
Edito, épisode 1 : Series Vs Cine, sacré Kaganski !
Keu-Wa, un édito dans le Daily Mars ? Non mais pour qui se prennent-ils ces freluquets rougeauds ? Et pourquoi pas une tribune signée par une célébrité chaque semaine tant qu’on y est ? On se calme et on boit frais : après un an et demi d’existence, nous nous sommes dit qu’il ne serait pas une bête idée de se livrer, chaque lundi, à l’exercice et incarner un peu plus la couleur “mag” du site. C’est sur moi que c’est tombé pour le premier, allez comprendre. Et forcément, la mini tempête déclenchée par Serge Kaganski dans l’article “Les saintes séries” signé sur son blog, le 10 avril, offre une bonne petite opportunité pour y mettre notre grain de sel. C’est effectivement un billet assez édifiant par ses approximations, son passéisme et son visible manque d’actualisation de la culture série de Mister Serge. Surtout, Kaganski retombe dans le piège de l’absurdité de la comparaison entre les deux arts, conçus respectivement dans deux moules industriels et narratifs bien distincts.
En fait, l’ami Serge semble surtout agacé par l’ampleur du bruit médiatique prise par les séries depuis une dizaine d’années, au détriment de son 7e art chéri, qui jusque dans les années 2000 restait encore largement dominant dans l’air (et l’aire) du temps culturel public. Universalisées par le web 2.0 et leur piratage tous azimuts, les rendant désormais accessibles quasi instantanément dans le monde entier après leur diffusion étrangère, les séries télé donnent une impression d’omniprésence par l’explosion de leur caisse de résonnance. Du côté des diffuseurs de plus en plus nombreux, de la multiplication des prime time à celle, sur les chaînes payantes ou les services de VOD, des programmation type “24h après les US”, l’importance de l’espace occupé par les séries sur nos écrans relègue au rang de vieux souvenir poussiéreux l’ère des soirées cinéma reines du Paf des années 70 à 90. Hé oui, détrôné de la hype, le cinéma, va falloir t’y faire Serge, mais ne t’inquiète pas, tout est une question de cycle. Le bond formel qualitatif astronomique pris par les séries au tournant des années 2000 a par ailleurs décuplé leur pouvoir d’addiction, à côté d’une écriture toujours plus ambitieuse.
Sans partager l’opinion de Kaganski, je me permettrai juste de regretter que certains fans de série semblent délibérément occulter le cinéma, le dédaigner ostensiblement au motif que de toute façon, Hollywood ne produit plus que des blockbusters décérébrés (1) c’est faux 2) le cinéma ne se résume pas à Hollywood) et que les séries sont un tout suffisant. Un corpus inattaquable qui ne doit rien, mais alors rien du tout au 7e art et son écrasante Histoire. C’est oublier que tous les grands créateurs de série (Sorkin, Simon, Chase, Weiner, Gilligan, Harmon, Winter, Astier…) sont avant tout des cinéphiles passionnés, habités par une culture cinéma (autant que littéraire) qui nourrit en permanence leur créativité. Je trouve autant dommage de se fermer à un art qu’à l’autre. Quant à la question de fond, la série télé n’est-elle que du commerce, un loisir de masse qui se “consomme”, et le cinéma un art, dont “les grands films se vivent comme des expériences surnaturelles” ? Question absurde, là encore. Certaines séries se consomment, d’autres se vivent comme des expériences surnaturelles. Idem pour les films. Séries et films sont fabriqués dans le cadre d’une même industrie (Hollywood, si l’on reste aux Etats-Unis) et aboutissent alternativement à des bouses, des bons produits de divertissement ou de véritables expériences. En revanche, je n’en démordrai pas, les séries télé doivent énormément au cinéma, dans leur forme comme le fond et ce n’est pas leur faire insulte ou les rabaisser que de le rappeler. Homicide et ses jump cuts empruntés à la Nouvelle Vague. 24h chrono et ses spliscreens à L’Etrangleur de Boston. Mad Men à Hitchcock. Les Soprano à Scorsese… J’espère ne pas déclencher l’ire des fans de séries parce que l’auteur de ces lignes est un authentique fan du genre et qu’au Daily Mars, on a de toute façon décidé de célébrer le petit comme le grand écran. Alors, cher Serge, cessons cette guéguerre pusillanime et jetez un oeil à True Detective, Breaking Bad, Hannibal ou Top of the lake, vous changerez peut-être d’avis…
Vive les éditos !!!!! Vive les séries !!!!!!!! (et ok, parce que bon, je regarde de plus en plus de films, merci Cumberbatch : vive le cinéma !!!!)
Oui, ce commentaire fait avancer le débat. Ou pas.
Je suis allé lire le billet de Kaganski et j’ai eu l’impression de me retrouver 20/25 ans en arrière quand je lisais les article de Claude Marie Trémois de Télérama et autres sur Carpenter, les mangas etc… Ces gens qui travaillent dans des journaux censés être plutôt progressiste et qui ne sont au final que des vieux conservateurs qui ne veulent rien voir bouger, rien voir évoluer à commencer par leurs certitudes ! C’est les mêmes qui n’arrêtent pas de citer Goddard : »le cinéma c’est un art, la télé c’est un meuble. » Il se trouve que grâce aux meubles le cinéma continue de pouvoir se financer dans notre beau pays mais ça tout le monde l’oublie… Plus sérieusement, opposer série et cinéma est effectivement absurde. Ce sont deux plaisirs différents, deux type de (attention gros mot) consommations . Il y’a le moment unique et le rendez-vous régulier. C’est comme l’amour en fait… Ce qui est très énervant dans ce que dit Kaganski, c’est tout le passage sur le pourcentage d’artistique versus part industrielle dans la série ou le cinéma. Je trouve ça fou que quelqu’un qui défende autant le cinéma d’auteur (le fameux 100% ou 2048 pour les djeun’s) ait du mal à trouver l’AUTEUR chez Sorkin, Kelley, Bochco, Milch ou David Simon. Ces types ont réalisé le tour de force impressionant d’imposer aux états-unis, et certains sur les gros networks, leur vision, leurs tripes dans un système qui effectivement préfère le prédigéré et fuit le risque comme la peste. Si ça c’est pas de l’AUTEUR ! Alors oui formellement un plan de Hitchcock est toujours plus beau que toutes les saisons de Scandal réunies . Mais on ne capte l’attention du spectateur de la même façon sur un un petit ou un grand écran : de ce point de vue il y a eu énormément d’évolutions et de prises de risques dans l’évolution du langage télévisuel ces dernières années. Alors oui la télé c’est l’art de filmer des téléphones qui sonnent mais non de nom le téléphone s’est embelli avec le temps et la beauté reste LE truc le plus dur à attraper en 24 et 25 images secondes. Maintenant il y a au moins une chose sur laquelle je suis d’accord avec Serge le Mal Rasé, c’est ce côté mode/follower du sériephile d’aujourd’hui. C’est assez gonflant surtout quand le sériephile qui est le premier à reconnaître la notion d’AUTEUR chez les showrunners, déverse sa bilasse nauséabonde dès que le dit showrunner ne fait pas ce qu’on attendait de lui dans un finale de fin de série. Donc ouais le dernier ép de HMYM était top ! Et oui le final de Lost c’était merveilleux ! Mais ça c’est un autre débat. Merci John pour cet édito. Joe.
Soyons sérieux, cinéma et TV, c’est exactement la même chose. Il s’agit de filmer des choses et des gens puis de monter les séquences pour raconter (ou pas) quelque chose. Au sens purement pratique des choses, c’est donc tout à fait identique. Une telle polémique n’a pas de sens. Comparer BD et ciné, peinture et sculpture, musique et chant aurait du sens mais TV et ciné… non, je ne vois pas, là.
Je suis comme le Dailymars : je n’ai jamais compris ce débat entre cinéma et séries télévisées. Je ne comprends pas qu’on puisse aimer l’un sans l’autre tellement les deux univers sont proches et lier.
Hormis la capacité spécifique des séries à se développer sur la durée, et celle spécifique des films à pouvoir proposer des objets purement formels (imaginez par exemple du Widing Refn en série…), il n’existe pas de différence entre les deux : ils sont créés de la manière par les mêmes personnes (des scénaristes, des réa, des chef-op, des prod…).
Je rejoins Gideon et Kaganski et le « phénomène » séries : oui, de nos jours, mater des séries, c’est trop hype et le cinéma c’est caca.
Sauf que Kaganski déglingue tout seul son argumentaire en nous balançant toujours les mêmes noms (Truffaut, Godard, Hitchcock…) tel un prof de fac qui serait resté bloqué dans le 60s, calé dans son canap’ avec ses DVD remasterisés des chef d’oeuvres d’antan qu’il a vu cinquante fois, et n’aurait pas mis les pieds dans un ciné depuis 15 ans.
Si dans le fond il n’a pas forcément tort, son ton de vieux papy rétrograde nuit clairement à son argumentaire.
Je viens de terminer la lecture du billet de Kaganski… Mais bon Dieu, c’est quoi cette vision ? Il cite des réalisateurs en pagaille comme d’authentique artiste à 100% (déjà, c’est faux, genre les mecs le faisaient pas pour l’argent ou à défaut la gloire…) et ensuite il fait comme si ces mêmes cinéastes faisaient leur film tout seul dans leur coin en gérant absolument tout (cadre, lumière, son, montage, contrôle du corps de l’acteur, etc.). N’importe quoi. Une oeuvre audiovisuelle (ciné ou TV) est un travail collectif avant tout. J’ai l’impression que Kaganski oublie complètement cet aspect. Out.
Voilà le meilleur résumé de ma pensée ! Après, il y a des gens qui imprègnent leurs œuvres d’une patte, d’une vision qui transparait à travers le travail collectif des équipes de tournage et ça par contre, c’est vrai que c’est peut-être plus évident aujourd’hui en cinéma qu’en télé… Il n’empêche qu’une œuvre de fiction, qu’elle soit télé ou ciné, n’est pas l’affaire d’un dieu qui gèrerait absolument tout et réussirait même à restituer avec exactitude ce qu’il avait en tête, à la différence de la peinture ou de la musique.
Non mais eh? Les gars? On est bien d’accord, le cinéma c’est quand même mieux que la télé, non? 😉