
Edito : Quand on assassine une nouvelle fois la série
A ce niveau, la série n’est plus un chat mais le dernier des immortels. Celle qui, malgré les assauts répétés dont elle fait l’objet, reste toujours debout, attendant – enfin – la complète reconnaissance qu’elle mérite.
Fait divers : l’action s’est passée Vendredi 14 Novembre en fin d’après-midi sur France Inter. L’émission Un jour dans le Monde, animée par Nicolas Demorand fut le théâtre d’un passage à tabac de la série pré-2000. L’animateur lui-même et son invité Brett Martin répétèrent les coups sur le corps de la série, régulièrement victime des sévices d’une poignée d’irréductibles.
Nicolas Demorand accueillait Brett Martin à l’occasion de la sortie au éditions de La Martinière “Des Hommes Tourmentés – le nouvel âge d’or des séries : des Sopranos et The Wire à Mad Men et Breaking Bad” (critique à venir sur le Daily Mars). Un livre qui propose un portrait de célèbres showrunners (David Chase, David Simon, Matthew Weiner ou Vince Gilligan) et tend à rapporter une vision de la création de leurs séries par les coulisses, un peu à la façon du Nouvel Hollywood de Peter Biskind.
Le sous-titrage du livre (qui n’existe pas en version originale) : « Difficult Men – Behind the scenes of a creative revolution : From The Sopranos and The Wire to Mad Men and Breaking Bad ») propose l’idée d’un nouvel âge d’or. Le terme « Nouvel » prend ici toute son importance tant il semble être évacué aussi bien par l’animateur que par l’auteur (d’autant plus incompréhensible chez ce dernier, bien plus mesuré et nuancé dans son ouvrage). Le dialogue est court entre les deux hommes mais il commence fort, par Nicolas Demorand taxant la série pré The Sopranos de média minable ou de désert culturel.
« Média minable. Désert culturel. »
Ce média minable, ce désert culturel qui a donc accouché de Hill Street Blues, NYPD Blue, Twin Peaks, The X-Files, Urgence, Buffy,… des séries qui ont, à diverses échelles, inventé la télévision, réinventé, proposé de nouvelles formes, de nouvelles façons de raconter une histoire, que The Sopranos (ou Oz avant elle) chez HBO a fait évoluer à son tour bénéficiant d’un nouveau terrain : le câble.
Nous sommes en 2014 et il faut encore subir des jugements catégoriques dont on ne sait s’ils sont la conséquence d’un manque de culture ou un témoignage péremptoire ostracisant et snob. La suite de l’interview multiplie des approximations et autres sentences autoritaires sur la noblesse des séries du câble citées dans le livre. Croire que The Sopranos a inventé les fins ouvertes, les personnages immoraux, qu’une série HBO, à l’époque, était l’antre d’une improvisation constante qui a donc touché au génie, c’est entretenir l’idée fausse sur la fabrication d’une série ou son passé sur les networks. Les 6 et 7 Novembre dernier, le Daily Mars revenait avec la participation de François Pier Pellinard-Lambert, sur la fonction des Networks dans le paysage télévisuel), article qu’aurait dû lire Nicolas Demorand avant son interview au lieu de sombrer ainsi dans une complaisance malade à l’égard des séries HBO et AMC.
Le podcast de l’émission est disponible sur le site de France Inter : ici
Merci Guillaume de défendre nos séries : un coup de gueule nécessaire 🙂
Que Nicolas Demorand soit snob et que son avis soit présenté de façon péremptoire n’a malheureusement rien d’une nouveauté. Merci à toi de rétablir le ‘vrai’.
Bonjour,
Je ne comprends pas bien l’idée de cet article… Que Nicolas Demorand ne dise rien d’intéressant sur les séries, soit ! Mais bon, il est présentateur et surtout il a invité un expert, dont c’est justement le job ! A part ça, l’émission n’est qu’un hommage vibrant à la série, donc cet article et surtout son titre ne correspondent à rien de réel… Bonne journée.
Bonjour,
Dans le cadre de cette émission de radio, Nicolas Demorand n’est pas un simple animateur, il est journaliste. Il pose des questions à son invité venu faire la promotion de son livre (et en aucun cas un expert venu parler d’un sujet comme pourrait être un chroniqueur genre Romain Nigita ou Alain Carrazé).
Ce qui a motivé la rédaction de cet texte n’est en aucun cas la déclaration d’amour pour les séries au cours de l’émission (citées dans l’article), mais parce que cette déclaration s’impose en comparaison à une production télévisuelle antérieure jugée « minable ou déserte ». Et quand on connait un tout petit peu le sujet (la série), ce genre de jugement provoque l’ire.
« manque de culture ou jugement péremptoire ostracisant et snob »?
Sûrement les deux, mon capitaine !