
MOVIE MINI REVIEW : critique de Birdman
Oubliés (enfin presque, faut pas déconner non plus) les (faux) plans séquences étourdissants de puissance du chef d’œuvre LES FILS DE L’HOMME!!! Iñárritu dépasse son compatriote Cuaron dans la dinguerie technico-filmique avec BIRDMAN! Conçu comme un gigantesque plan séquence (artificiel bien sûr mais d’une perfection stupéfiante) où une caméra virevoltante enchaîne les plans somptueux plus impossibles les uns que les autres. Les images flottent langoureusement comme dans un rêve infini. Et plongent dans la psyché ravagée de Riggan Thompson, vieille star hollywoodienne en perdition (toute ressemblance avec le revenant Michael ‘BATMAN RETURNS for ever’ Keaton n’étant pas involontaire) qui se prend subitement pour un théâtreux new yorkais brûlant les planches d’un Broadway mystique et mythique blindé d’aliénés prétentieux aussi irrécupérables que lui.
C’est à un gigantesque bal de névrosés que nous convie Iñárritu. BIRDMAN est un cauchemar éveillé. BIRDMAN explore les derniers recoins fracassés de la psyché tordue d’une caste de fous furieux. Les artistes. Les acteurs. Rongés par le doute. Par leur ego surdimensionné. Par l’artifice perpétuel dans lequel ils se démènent, incapables de faire la différence entre fiction et réalité, entre leur vie privée merdique et celle toute aussi merdique de leurs personnages en quête d’amour. De ce putain d’amour introuvable bordel!
BIRDMAN est un tour de force technique incroyable. Un tourbillon formel ensorcelant qui rappelle les expérimentation de Bob Fosse sur le génial ALL THAT JAZZ et de Darren Aronofsky sur l’oppressant BLACK SWAN. Mais pas que. Iñárritu parvient à transcender son style éthéré et grandiloquent, pour toucher au cœur. Le mexicain égratigne avec un humour ravageur et une profonde tendresse ces grands enfants en mal d’amour, de reconnaissance et d’estime de soi. Mais il ridiculise aussi le monde factice des blockbusters hollywoodiens décérébrés tout comme les postures auteurisantes puantes de prétention de théâtreux tout aussi puérils. Sans oublier ces braves réseaux sociaux tyranniques, voyeurs charognards 2.0 du malheur des autres. BIRDMAN est un film monde. Un délire labyrinthique (un poil trop théâtral par moments) et psychanalytique sur les affres de la création (un thème d’époque, n’est-cas FRANK, WHIPLASH, RÉALITÉ et le futur KNIGHT OF CUPS de Malick?), sur l’éternelle insatisfaction humaine et sa peur maladive de la mort. C’est beau la folie filmée comme ça bordel!
En salles depuis le 25 février
2014. USA/Canada. Réalisé par Alejandro González Iñárritu. Avec Michael Keaton, Zach Galifianakis, Edward Norton…
Birdman, Bande annonce VOST par DailyMars
Je suis loin d’être du même avis. Même si c’est techniquement impressionnant, les personnages sont eux un ramassis de clichés théâtreux au destin plus que prévisible. Entre l’acteur « has been » dont la fin ne fait pas un pli passé le 1er quart d’heure, la fille à papa qui sort de désintox, l’ex-femme qui est encore évidemment un peu amoureuse de son ex-mari (malgré tout, oui) et l’espèce de caricature mal foutue du « method actor », le critique implacable qui fait peur, il ne manquait plus que le producteur un peu véreux… ha non, attends, il y est aussi…
Passer la forme (qui est je le répète, la grande réussite du film), on se rend compte que Birdman est au final aussi cousu de fil blanc qu’un Disney.
Ah ah ah excellent de voir que le Doc est tombé, lui aussi, droit dans le panneau de ce film puant de prétention (ce n’est rien d’autre que de l’esbroufe technique) et qui prétends « dénoncer »… en gros tous les « travers » qu’il encense!!
Mais oui, complètement d’accord pour All That Jazz, ya un truc dans l’utilisation de la musique et des sons qui m’y a fait penser tout du long (par contre Birdman est quand même plus méprisant avec ses personnages que l’était le Fosse, où tu t’attachais à Gideon à force, alors que là, yen a pas un pour rattraper l’autre, c’est la déchéance totale de l’humanité…)
J’irais pas jusqu’à méprisant…
BIRDMAN, malgré sa prouesse technique étourdissante n’arrive pas à la cheville de cet immense chef d’œuvre qu’est ALL THAT JAZZ