
MOVIE MINI REVIEW : L’Ecume Des Jours
Ça semblait tellement évident! Michel Gondry et Boris Vian. Deux univers, deux époques si lointaines et si proches appelées (voire destinées) à se rencontrer! Michel Gondry, le bidouilleur de génie, s’attaque donc au roman culte surréalistico-romantico-bizarre L’ÉCUME DES JOURS sorti en 1947 et déjà adapté au cinéma en 1968.
Dans un Paris néorétro bricolo étonnant et magnifique (beaucoup moins rance et nauséabond que celui d’AMÉLIE POULAIN) Colin, jeune bourgeois désœuvré fan de jazz rencontre la délicieuse Chloé. C’est l’amour fou. Malheureusement la tragédie rôde autour du couple et de ses amis délurés.
Gondry s’en donne à cœur joie! On a droit à un catalogue exhaustif de ses meilleurs délires visuels. Et tout le problème est là. Le matériau de base (le roman quoi) disparait petit à petit (à l’image de l’appartement de Colin). Il ne reste plus que les astuces éculées d’un prestidigitateur fatigué et cynique. La profonde noirceur de Gondry (qui illumine chacun de ses films) parasite et étouffe complètement le jeune couple. C’est lui le nénuphar implacable quoi.
L’ÉCUME DES JOURS devient un spectacle froid comme la mort et horriblement mécanique. Gondry est incapable de diriger ses acteurs. Incapable de leur insuffler cette humanité et cette chaleur indispensable à l’histoire. Les tristes Romain Duris et Audrey Tautou ne sont que des pantins désarticulés pris entre les mains d’un marionnettiste omniscient. Les scène virtuoses s’enchaînent sans queue ni tête. Tout est désespérément artificiel. C’est le grand défaut de Gondry. Sa misanthropie et sa mégalomanie galopante. Il n’y a que dans le génial ETERNAL SUNSHINE OF THE SPOTLESS MIND que Gondry a laissé transparaître un semblant d’humanité. Ce mec est vraiment très étrange.
Un rendez-vous manqué. Dommage…
En salles depuis le 24 avril
2013. France. Réalisé par Michel Gondry. Avec Romain Duris, Audrey Tautou, Gad Elmaleh…
Mais est-ce que c’est pas une bonne adaptation, justement, de faire un film qui devient progressivement « un spectacle froid comme la mort » ?
Dans le bouquin aussi les personnages sont des silhouettes et sont noyés dans les inventions visuelles et stylistiques jusqu’à s’y perdre.
je trouve que Gondry et son imaginaire vampirisent beaucoup trop le film. C’est désincarné depuis le début. Y a pas d’âme là-dedans je trouve…
J’ai trouvé qu’on sentait une belle complicité dans le couple Duris-Tautou et que Gad Elmaleh était assez touchant…
Mais encore une fois on ne va pas faire un mélo flamboyant avec L’écume des jours, un roman grinçant et satirique travaillé par la mort.