
Quels réalisateurs pour quels Batmen?
Pour marquer le 75e anniversaire du personnage de DC Comics, Batman, le Daily Mars a décidé de vous offrir, tout les lundis de l’été, une série d’articles sur le Chevalier Noir et la galerie de personnages l’entourant. Adaptations cinématographiques, séries, jeux vidéo, comics, la rédaction va vous cuisiner un ragout de chauve-souris, à la sauce Martienne, bien entendu.
Aujourd’hui le fantasme de cinéphile s’empare de Batou et l’humble Martien que je suis se prend à rêver de plusieurs Batmen, mis en scène par d’improbables Bat-réalisateurs.
La chauve-souris est un animal bien versatile. Malgré son statut d’icône indémodable et inoxydable, Batman est à l’inverse de bon nombre de ses congénères super héroïques un des personnages les moins monolithiques, les plus changeants du paysage comicbookien. Si son mythe fondateur n’a au final que très peu évolué au fil des ans, le Dark Knight est par contre un de ces héros dans lesquels les auteurs se permettent le plus d’infuser leur personnalité, leur univers, leurs idées. Rien à voir en effet (ou alors très peu) entre les Batmen de Jeff Loeb, Alan Moore, Grant Morrisson, Frank Miller ou encore Scott Synder pour ne citer qu’eux. Même chose à l’écran où les multiples incarnations apparaissent comme des personnages radicalement différents, étant tantôt une icône pop cartoonesque, une créature fantastique ou un cousin dépressif de Charles Bronson capé et échappé d’ Un Justicier dans la Ville post-11 septembre.
Alors que le personnage s’apprête à faire son re-retour au cinéma en 2016 sous l’œil de Zack Snyder, posons nous la question et fantasmons un peu : quels autres réalisateurs seraient pourraient faire vivre le justicier à l’écran et quelle version du personnage pourraient-ils livrer ?
Michael Mann, le choix de l’évidence
Comment ne pas penser au cinéma de Michael Mann quand on évoque le nom de Batman ? Des paysages crépusculaires bleutés, de majestueux dédales bétonnés, des personnages enfermés dans leurs destinées respectives, des scènes d’action fluides tournées au nano-poil de cul… Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Christopher Nolan en tournant son Dark Knight lui rend un hommage totalement assumé dans sa scène d’ouverture. Sous l’œil de Mann, on peut rêver d’un Batman frôlant la cinquantaine qui à l’instar d’un Robert De Niro dans Heat ou d’un William Petersen dans Manhunter qui continuerait même désabusé son inflexible mission. Un polar contemplatif qui réussirait à capturer toute l’émotion du personnage tout en l’enrobant de scènes de bravoure dont seul le réalisateur du Dernier des Mohicans et de Collatéral a le secret. Laissant tomber l’épure de son Los Angeles chéri, Mann devrait aussi pour ce Batman se salir un peu les doigts et mordre à pleines dents dans cette vieille pomme pourrie qu’est Gotham. Tentant non ?
Batman sous acide chez Alejandro Jodorowsky
Partons loin et essayons de ne pas nous dire que cette adaptation relève de l’impossible. Imaginons que le réalisateur de La Montagne Sacrée et d’El Topo se retrouve par on ne sait quel improbable enchaînement de circonstances aux manettes d’un Batman mystique dont Grant Morrisson ou encore Neil Gaiman auraient écrit le scénario. Après l’hyper réalisme de Christopher Nolan, la chauve-souris n’aurait-elle pas droit non plus à une adaptation de ses aventures les plus perchées ? Rêvons un peu et imaginons les aventuresde Batman et Bat-Mite perdus dans la 5ème Dimension sur grand écran, les voyages cosmiques et temporels de Bruce Wayne à la recherche de son identité, son terrifiant séjour dans un Arkham Asylum Kafkaïen… Filmé avec l’œil mystico-fou de ce grand barré de Jodo, ce grand voyage pourrait être dépaysant non ?
Martin Scorsese, la mafia et l’ultraviolence
Même si réduire Marty à un type fasciné par le crime en serait justement un, comment ne pas imaginer les Falcone, Maroni, Bertinelli et autres criminels de Gotham City filmés par ce vieux grigou ? En plus, Nicholson a été à la fois le Joker pour Burton et Frank Costello dans Les Infiltrés de Scorsese non ? Coïncidence ? Sûrement pas ! Blague à part, le réalisateur pourrait trouver dans la figure de la chauve-souris masquée un puissant sujet dans lequel s’accumulent des thématiques qui le fascinent. Car après tout les personnages Scorsesiens de Travis Bickle, Teddy Daniels, Howard Hughes et Jesus partagent au fond avec Batman les mêmes traits de caractère et les mêmes obsessions : une notion de devoir extrêmement pesante, de culpabilité, un genre de folie rationnelle… Et puis bon, avec Batman, Scorsese pourrait laisser exploser son goût immodéré pour la violence et donner au Dark Knight une badasserie dont il a le secret. Batou qui casse du gangster à la Joe Pesci, ça aurait de la gueule non ?
Bruce Wayne, ado perturbé chez Gus Van Sant
Sûrement une des périodes les moins exploitées de la vie de Batman (dit-il alors que Gotham s’apprête à débarquer sur la Fox), l’enfance et l’adolescence du jeune garçon qui deviendra plus tard ce grand justicier botteur de culs est pourtant celle qui pourrait être la plus intéressante. Période charnière dans la vie de Bruce Wayne, elle est celle qui a transformé le petit garçon de la ruelle en détective costumé à moitié voire totalement schizophrène. Qui mieux que Gus Van Sant alors pour traduire à l’écran cette douloureuse mais au combien cruciale période ? Car au fond, Bruce Wayne n’est-il pas, à bien des égards, un des ados d’Elephant qui ne trouve comme échappatoire à son malheur que l’extrême ? Ou le gamin de Paranoid Park, dont la perception de la vie se trouve bouleversée après un drame fondateur ? Ou encore le personnage éponyme d’Harvey Milk, grand enfant lancé dans une quête de justice naïve ? C’est sûr, il y aurait moins de costumes, d’action et de bad guys bariolés dans cette adaptation mais Bruce Wayne en ado dépressif, ça pourrait être intéressant non ?
Un curieux Batman chez Kim Jee-woon
Orfèvre du nouveau cinéma sud-coréen, Kim Jee-woon peut à peu près tout faire et surtout il le fait bien. Grand fouteur de trouille avec Deux Sœurs, poétique et cruel dans A Bittersweet Life, taré sadique dans J’ai Rencontré le Diable, metteur en scène de gunfights flamboyants dans Le Bon la Brute et le Cinglé, l’homme a de l’or entre les doigts. Sans faire de lien direct entre sa filmo et Batman (quoique la chauve souris s’apparente fortement aux héros d’ A Bittersweet Life et de J’ai Rencontré le Diable…), le choix de Kim Jee-woon est plus un fantasme de cinéphile qu’autre chose. Point de prédictions ici mais une profonde curiosité… Et puis bon, imaginez donc un Batman avec Choi Min-Sik en Joker quoi ! Ça le ferait non ?
Et vous, vous verriez qui aux manettes du prochain Batman ?
Batman par Wong Kar Wai. Une fresque de Gotham en antre de la mélancolie, le souvenir de ce qui avait été une ville prospère et heureuse.
En lisant cet article, j’ai pensé à un Batman par Rob Zombie. Ok, il est capable du meilleur comme du pire, mais prenez le début de son Halloween, qui explique les origines du tueur au masque. Franchement, vous ne verriez pas un jeune Bruce Wayne, mutique, perdu dans son monde intérieur, jusqu’à l’arrivée d’une chauve-souris dans son salon ? Là, plongé dans l’effroi de son enfance meurtrie, le gamin aurait définitivement sombré dans la folie et serait devenu le Batman, n’utilisant plus l’identité de Bruce Wayne comme d’un masque pour cacher sa véritable nature aux yeux de tous.
Quand on voit également l’amour que Rob Zombie porte aux freaks, comment ne pas imaginer une des plus belles poursuites meurtrières, vue du côté des voyous, poursuivis par cette force inéluctable, indestructible, qu’est l’homme chauve-souris ?
Je pense que ça aurait vraiment de la gueule !
Moi dans le prochain jeu vidéo à venir 😉
Batman de Neil Blomkanp.
Pourquoi ne pas voir un Batman super réaliste dans un monde sf légèrement tourner vers l’avenir.
Une image propre mais un Gotham sale et sous forme de bidonvilles ou la surpopulation et les dangers de la vie abondent. Une grande trame anticonformiste et beaucoup de messages subliminaux pour notre société.
Humaniser Batman et déshumaniser Bruce Wayne comme max le personnage de elysium. Et Gotham losangeliser d’elysium ou Johannesburg de district 9 hostile et malfamer je signe !
Terence Malick qui, outre de belles séquences contemplatives, pourra amener une lecture philosophique plus subtile, un parallèle Wayne/Wittgenstein me paraitrait judicieux et qui d’autre que T. Malick pourrait s’y coller ? Hein ? je vous pose la question.